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Claude DEBUSSY - La Mer (trois Esquisses Symphoniques Pour Orchestre) (1983)
Par ONCLE VIANDE le 20 Juillet 2007          Consultée 7186 fois

Claude Debussy restera le dernier acteur d’une évolution musicale longue de cinq siècles. Il poussa l’harmonie dans ses derniers retranchements et porta à un point de non retour la musique tonale (comprendre sensible et intelligible pour le commun des mortels). Après ce dernier coup de boutoir, les compositeurs prirent d’autres directions ou accomplirent un retour au passé, et on ne trouva guère qu’Henri Dutilleux pour prolonger sa quête. Que ceci ne nous induise pas en erreur, la musique de Debussy s’adresse à tous et aux néophytes en particulier. Elle parle au cœur, touche, émeut, et témoigne d’une époque tournée vers la sensibilité et l’intériorité.

Si ses harmonies troubles ont trouvé un terrain d’expression idéal dans ses œuvres pour piano, le compositeur en imprégnera ses travaux pour orchestre. « La mer » est une véritable symphonie, même si elle rompt avec le standard usuel en quatre parties. La déclinaison « trois esquisses symphoniques pour orchestre » la rapproche sciemment de la peinture. L’esquisse évoque l’effleurement des sensations et la décomposition en trois mouvements renvoie aux triptyques.
Sa composition s’étala de 1903 à 1905 et fut nourrie d’un séjour sur la côte de la Manche à Eastbourne. Cette œuvre est à replacer dans le courant impressionniste. Elle est finalement bien peu illustrative et rejoint les préoccupations des peintres de l’époque : exalter le ressenti et toucher au plus près les émotions fugitives, quitte à en prétexter un titre illusoire. L’auditeur la videra sans peine de son thème pour y installer ses propres rêveries, entre nostalgie, mystère et émerveillement.
La maîtrise orchestrale vise la sophistication, le raffinement et la profondeur davantage que les effets, même si elle préfigure le « Sacre du printemps » dans ses moments les plus tumultueux. L’instrumentation se montre très équilibrée et n’accorde aucune suprématie. On notera toutefois un emploi abondant des percussions qui perpétue la tradition française héritée de Berlioz, et le rôle accordé à la flûte et la harpe, instruments magiques s’il en est. Debussy insuffle une grande élasticité à cette œuvre. Au niveau des rythmes d’abord, souples et fluctuants, puis au niveau de l’intensité sonore, capable de passer du calme à la tempête sans heurts ni cassures. Les formes se renouvellent, se gonflent, retrouvent l’accalmie pour mieux ressurgir.
On retrouve le développement propre aux symphonies, avec un thème par partie, décliné puis déformé de façon plus ou moins accusée. Le recours exclusif au mode mineur baigne l’œuvre dans une ambiance mystérieuse et évoque la fascination devant un spectacle ordinaire devenu surnaturel par l’hypersensibilité de l’observateur. Gauguin, Monet et Cézanne ne sont pas loin, tout comme Mallarmé auquel Debussy emprunta son « Prélude à l’après midi d’un faune ». Une époque insouciante, où les artistes fuyaient les villes et imprégnaient leurs œuvres de nature.
Si le premier mouvement installe l’espace et le deuxième annonce un événement toujours remis à plus tard, le troisième constitue le dénouement de toute la pièce, son énergie refoulée, son thème entretenu et promis au retour, son final flamboyant, le génie de notre grand français enfin.

« La mer » est immédiatement séduisante. Son approche est aisée tant elle est vibrante et émouvante. Sa beauté est celle d’une œuvre sensuelle et sensible, et l’austérité n'y est pas de mise. Une introduction idéale à la musique du compositeur, et plus largement à la musique symphonique, toutes époques confondues.

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