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Reinhold GLIèRE - Concerto Pour Violon / Symphonie N°2 (butt) (2002)
Par RAPHAEL BADAWI le 27 Septembre 2007          Consultée 4807 fois

Glière est un compositeur postromantique russe très peu connu. À vrai dire, il a toujours été reconnu comme un excellent enseignant, ce qui a valu à ses oeuvres d'être parfaitement occultées. Pourtant, ses compositions, nichées entre Rimski-Korsakov et le modernisme, font preuve d'une emphase et d'un sens de l'harmonie bouleversants - le concerto pour harpe, les ballets, les pièces de musique de chambre sont un festin plantureux et raffiné. Hélas, être le professeur de Prokofiev et Miaskovski ne doit, pour une raison inexplicable, pas servir sa propre reconnaissance créative. Une oeuvre de Glière a tout de même réussi à percer ce voile de méconnaissance, la Symphonie n°3 - là encore pour une raison inexplicable.

Le concerto pour violon n'a pu être achevé du vivant de Reinhold Moritsevitch Glière, c'est donc un certain Lyatoshinsky qui s'est collé à la complétion et l'orchestration de l'oeuvre. De fait, il y a quelque chose de très bucolique et frugal, assez inhabituel pour Glière dans l'orchestration - ce qui n'est pas pour déplaire. Certains progressions harmoniques rappellent le double concerto pour violon et violoncelle de Brahms, ce qui justifierait la grande tentation de Lyatoshinsky de s'aventurer dans les sentiers champêtres du compositeur allemand. Je ne suis ordinairement pas transporté par les concertos pour violon, mais celui-ci passe bien. Une oeuvre peu connue et un bon moment qui prépare juste le terrain pour le chef d'oeuvre qu'il précède.

La symphonie n°2 (op. 25) a été composée au cours de l'hiver 1907-1908, avec un bel épigraphe à Sergei Koussevitzky, un grand chef d'orchestre de l'époque. Elle est divisée en quatre mouvements et s'exécute en quarante-cinq minutes. Très peu connue, on n'en trouve que des interprétations de noms obscurs, en l'occurrence ici, celle de Yondani Butt dirigeant le Philharmonia Orchestra.

L'impression qui ressort dès les premières mesures est d'entendre du Tchaïkovsky plus cuivré. C'est très hiémal (époque de composition oblige), comme le Casse-Noisettes, avec de belles harmonies, des envolées de cordes spiccato soutenues par des bois légers servis par une flute espiègle, alterné avec des séquences à la fois très filandreuses et très nettes, comme un écheveau phosphorescent, et d'autres passages beaucoup plus massifs. Tout est à la fois très fragmenté et très construit, très fastueux et très léger, emberlificoté et clairaudient. On comprend à présent pourquoi Glière se réclamait, non sans fatuité, de Tchaïkovsky et Borodine.

La premier mouvement commence de façon très épique, avec un thème tonitrué au cor, effaçant à peine des altos torturés, le genre d'ouverture que n'aurait pas renié un Danny Elfman. Un ostinato se met en place, les cuivres dialoguent toujours sur le fil épique, puis c'est l'explosion : plein de petits morceaux concassés, qui viennent chatouiller nos esgourdes, alternances rapides et parfaites, avec montées récurrentes des cuivres - une puissance implacable due à une technicité affolante, miam miam.

La second mouvement,- ah ce second mouvement, écoutez-moi ce nectar ! - c'est du Tchaïkosvky, en mieux. Tout dans la finesse et la légèreté, dans le mouvement et l'antamorphose, avec des envolées lyriques atteignant le sublime. Nous avons ici affaire à l'un des sommets du romantisme - et je le dis sans opprobre. Car il y a une complexification et un rehaussement de clarté et de limpidité, il y a ce trait génial qui distingue entre mille une oeuvre qui ne pourra pas être muséifiée.

Le troisième mouvement est dans la continuité du deuxième, jovial, comme un soleil vernal qui se lève, plus lent mais tout aussi sautillant, et au milieu, le retour des cuivres, l'apparition de crescendos dansants, et le tambourin qui vient s'abattre comme des carreaux pour scotcher l'audience sur place. Encadré et relevé par le romantisme exhalant de joie, tout ici fait preuve d'une pureté touchante.

Le quatrième mouvement revient à l'épique du premier, mais cette fois-ci, avec une vélocité et une virtuosité, cette fusion de légèreté et de marteau, qui conclue dans ce mélange improbable entre des relents wagnériens et une agilité, une souplesse, un sens de l'harmonie, splendides. Les dernières conversations sont tout à fait folles, mélancoliques, gaies, élevées, carrément enlevées, - sainement vésaniques.

Il est évident que l'on a ici touché l'apogée du romantisme russe, oeuvre largement supérieure à cette troisième symphonie par trois fois trop thuriférée. À écouter et réécouter.

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   RAPHAEL BADAWI

 
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- Yuko Nishino (violon)
- Yondani Butt (chef d'orchestre)
- Philharmonia Orchestra


- concerto Pour Violon (1956)
1. Concerto Pour Violon En Sol Mineur, Op. 100
- symphonie N°2 En Do Mineur, Op. 25 (1907)
2. Premier Mouvement - Allegro Pesante
3. Second Mouvement - Allegro Giocoso
4. Troisième Mouvement - Andante Con Variazioni
5. Quatrième Mouvement - Allegro Vivace



             



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