Il y a un petit côté WATERBOYS dans la musique des Irlandais de GREYFACE. Quelque chose dans cette voix fêlée, comme écorchée, qui accompagne un piano qui prend des airs de compagnon espiègle. Deuxième single extrait d'un EP dont la date de sortie n'est pas encore connue, "Dead men (don't walk in circles)" est un pur moment de bonheur musical, une fausse ballade sombre et puissante, qui fleurit pour se transformer en un monolithe rock gargantuesque, doté d'ambiances dark-pop particulièrement savoureuses.

La surprise est totale. Bien que le groupe débute, il livre ici un morceau abouti, empreint d'une maturité nécessaire pour donner corps à l'audace. Il y a ici des ambiances façon opera-rock, flamboyantes et grandiloquentes, qui prennent vie dès les premières notes. Il y a une sorte de dissonance, de mélodie qui tarde à venir, de lignes de piano intimistes, mais rapidement des motifs et des mélodies se dégagent, à mesure que l'intensité augmente.

Un premier refrain, et les guitares se joignent à la fête. Riffs plaqués apportent de l'épaisseur et de la force à la fragilité, tandis qu'une section symphonique renforce la beauté pure qui se dégage de ce titre. L'intensité finit par trouver un climax, et les refrains sont alors répétés pour prolonger le bonheur.

Il y en a visiblement sous le capot, GREYFACE basant son univers textuel et visuel sur les concepts freudiens de l'ombre (la part individuelle qui ne se connait pas elle-même). Chaque membre du groupe se fait ainsi un élément de cette ombre, apportant au collectif une individualité propre. Mais au final, peu importe. L'essentiel à retenir est cette virevoltante inspiration qui fait de "Dead men (don't walk in circles)" une fausse ballade power-rock savoureuse et profonde. Un morceau et un groupe à découvrir.