Après 3 albums de bonne facture et 3 ans d’attente, les Ecossais reviennent sur le devant de la scène avec ce « Puzzle ». Habitués à sortir un disque par an, un drame personnel (décès de la mère du chanteur Simon Neil) a rendu l’écriture et la réalisation de ce disque assez difficile, on le comprend. Un changement de major a également permis au groupe d’étendre sa zone d’influence à travers le monde. Mais ce n’est pas forcément pour le bien de tous…
En effet, la musique des Biffy se caractérise de plusieurs façons. Tout d’abord, une des particularités du groupe est d’imposer à l’auditeur un véritable mur de son composé d’une basse très en avant, d’une guitare au son distendu et d’une batterie agressive. Par-dessus ce mur se pose la voix de Simon Neil aux mélodies simples. En plus de cela on ajoutera une tendance habile à une certaine déstructuration des compositions, et vous obtenez un cocktail à mi-chemin entre Nirvana et les Foo Fighters, comparaison peu originale je vous l’accorde mais tellement vraie.
Autant le dire tout de suite, les fans vont être déçus. Le changement de label a semble-t-il été accompagné d'une approche musicale bien plus classique. Ainsi, le titre d’introduction « Living Is A Problem Because Everything Dies » (vous aurez compris de quel thème il s’agit) est parfaitement illusoire. Là, on reconnaît les Biffy qui nous servent ce qu’ils savent faire de mieux, mais c’est trompeur : hormis sur quelques titres comme « Saturday Superhouse » ou « Get Fucked Stud », les Ecossais sont méconnaissables. Pour un fanatique, la déception risque d’être de taille.

Le groupe a donc décidé de changer de style. Les rythmiques barbares sont laissées de côté au profit de compositions plus mélodiques, comme « Who’s Got A Match ? », titre entraînant au refrain assimilable dès la première écoute, ou « Love Has A Diameter ». Au revoir aussi les cassures rythmiques, les breaks sur « Puzzle » se faisant bien plus rares. Le travail de James Johnston à la basse reste appréciable, s’imposant souvent dans les mélodies embarquées. On soulignera particulièrement « A Whole Child Ago », moins sombre et plus frais que les précédents titres du disque. L’outro « Machines » est forte en émotion et la performance de Neil Simon est remarquable.
Mais certains titres sont vraiment en dessous de ce que Biffy Clyro a proposé jusqu’alors. « The Conversation Is… » se veut trop facile, et même si le morceau reste plaisant, on passera vite dessus après quelques écoutes.

Il ne faut pas non plus exagérer sur ce changement de direction, car Biffy Clyro reste un groupe de rock relativement « rentre-dedans », et on ne croit pas s’être trompé de groupe en écoutant l’album. Simplement, ce qui avait fait leur réputation a été laissé de côté afin de privilégier une certaine facilité d’accès. Finalement, « Puzzle » reste un bon album, passé une première écoute plutôt surprenante pour les connaisseurs. Les non-initiés verront cet album d’un autre œil et seront agréablement surpris par l’aisance du groupe et les compositions efficaces qui parcourent le disque. Paradoxalement, ce dernier disque est parfait pour apprendre à connaître le groupe. On reconnaît la patte Biffy si caractéristique sans pour autant trouver son compte en comparaison aux précédents albums, "Puzzle" se plaçant plutôt en retrait dans la discographie des Biffy.

Pour les fans : 3/5
Pour les autres : 4/5