Recherche avancée       Liste groupes



      
SOUL  |  STUDIO

L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2009 Missy Andersen

MISSY ANDERSEN - Missy Andersen (2009)
Par LE KINGBEE le 22 Octobre 2021          Consultée 494 fois

Missy ANDERSEN n'a aucun lien avec son célèbre homonyme, auteur de "La petite Poucette", "Le vilain petit canard" ou de "La petite fille aux allumettes". Originaire de Detroit, elle se passionne très tôt pour la musique sous l'influence de parents originaires de Caroline du Sud et du Michigan. Comme bon nombre de petites filles noires, elle fait ses gammes sur les bancs de sa paroisse, enchaîne dans des concours pour enfants chanteurs mais c'est avant tout la collection de disques de ses parents qui la place sur la voie. Telle une éponge, Missy absorbe le répertoire d'Ann PEEBLES, Irma THOMAS, Bobby "Blue" BLAND, O.V. WRIGHT, Ray CHARLES et consorts.
Brièvement établie à New York, Missy chante dans les clubs du Queens, entame une carrière de choriste et intègre le groupe du bluesman Earl Thomas. C'est là qu'elle rencontre Heine Andersen, guitariste danois en tournée dans la Big Apple. De cette rencontre, naît un duo puis une belle histoire d'amour digne de figurer dans les contes du plus célèbre écrivain danois.
Installé à San Diego, le couple se produit au sein de Tell Mama, mais décide de retourner sur les terres du mari pour mettre en boîte un premier disque. Enregistré à Copenhague, au Studio Trae, ce premier éponyme de huit titres (durée 32 minutes) ne propose que deux compositions. Si la line-up comprend d'excellents musiciens de sessions danois dont le bassiste Soren Bojgaard (futur équipier de Thorbjon RISAGER), la finalisation et le mixage du CD se déroulent à San Diego, ce qui apporte une griffe américaine au répertoire.
Si les accompagnateurs danois proposent une orchestration gorgée de Soul vintage, à l'image des Soul Investigators de Nicole WILLIS ou des Affirmations d'Hannah WILLIAMS, la voix expressive et légèrement rauque évoque Ann PEEBLES. Cerise sur le gateau, une mini section cuivre prête main-forte aux Scandinaves.
En ouverture, "Ace Of Spades" * lance le disque sur de bons rails. Les instruments semblent en symbiose et n'ont d'autre but que de placer partenaires et chanteuse sur orbite. Missy ANDERSEN délivre une première piste convaincante. Si O.V. WRIGHT avait popularisé la chanson, notre americano-danoise s'en sort plutôt pas mal, faisant jeu égal avec la reprise de Zora Young et surpassant celles de Lou PRIDE et Mickey Murray. De petits pizzicati de guitare servent à introduire "I Can't Stand The Rain", tube d'Ann PEEBLES. Bien que le rythme soit plus lent que sur l'original, les cuivres et les volutes de wurlitzer maintiennent une tension constante. Une version qui se rapproche avantageusement des racines de l'original, s'éloignant fondamentalement des covers Disco d'Eruption ou Tina Charles et des essais pathétiques et roublards de Lowell George, Michael Bolton ou Dee Dee Bridgewater. A l'image d'Etta JAMES ou de Martha VELEZ, elle transpose le "Tell Daddy" de Clarence CARTER en un ébouriffant "Tell Mama". Le rythme largement plus tempéré que la version de Janis JOPLIN distille un plus grand feeling et l'orgue de Jeppe Juul (ex- Baby Woodrose) fait mouche à chaque touche. Un titre torride qui allie la chaleur de Memphis et le groove de Muscle Shoals. Autre excellente pioche avec "Same Old Blues", l'une des oeuvres majeures de Don Nix. Si la guitare est aussi aerienne que flamboyante, c'est l'ambiance provoquée par l'orgue churchy qui frappe les esprits. Sous un tempo judicieusement modéré, l'orchestration nous renvoie sur les bords du Mississippi au coeur du Grand Sud. Si Freddie KING contribua en son temps à immortaliser la chanson, Missy ANDERSEN et sa troupe lui redonnent un coup de jeune tout en maitrise. Une version qui fait oublier les massacres de Josh Graves et Popa CHUBBY. Le climat devient encore plus hot malgré son rythme de sénateur, "Little By Little" ° avec une basse pleine de rondeur, un orgue et une guitare qui semblent en vitesse réduite. Un second titre traînant, presque langoureux, qui nous renvoie entre Slow Blues et Memphis Soul. Mais réatribuons à César ce qui lui appartient: accrédité ici à Junior WELLS, la chanson est la propriété de Mel London. Autre bonne trouvaille avec "Pack It Up", petit tube du groupe Gonzalez. Si le morceau fut repris avec succès par Freddie KING, Missy ANDERSEN délivre encore une fois une cover pleine d'émotion portée par une grosse rythmique, bien épicée de cuivres et avec une guitare funky. Une reprise qui sort du lot, peut-être la plus sensible avec celles de Janiva MAGNESS ou de Tab Benoit.
Le rayon composition ne compte dans ses rangs que deux pistes: "New Feet" placé en seconde position se déguste comme un titre de Blues Soul up tempo agrémenté d'un soupçon cuivré et d'une légère coloration Funk. Enfin en clôture, "Stand Up And Dance" coécrit par Heine Andersen et Nathan James ** , est un Blues brut de décoffrage qu'on croirait sorti des bords du Mississippi ou d'un Juke Joint de l'Alabama. Avec une rythmique squelettique et un dobro, Missy ANDERSEN vient tranquilement poser sa voix, prouvant qu'elle est également à son aise sur des pièces plus roots.
Si ce disque ne comporte pratiquemment aucune faille tant au niveau de l'orchestration, des arrangements que de la voix, se pose la question de savoir pourquoi produire un disque de Soul avec autant de reprises? Toujours est-il que ce premier éponyme permet de passer une demi-heure agréable, les musiciens et la chanteuse ayant la sagesse de ne pas en faire des caisses distillent de bons moments. Un recueil certainement plus sincère et authentique que ce que certaines boîtes de prod. essaient de nous refourguer à grands coups de slogans publicitaires mensongers ou de passages radios calculés. Si Missy ANDERSEN avait proposé deux ou trois originaux supplémentaires, ce disque n'aurait pas été loin du 4.

* Titre homonyme à ceux de Link Wray et Motorhead.
° Titre homonyme à celui de Buddy Kaye chanté par Dusty Springfield et à ceux des Stones, Radiohead et Oasis.
** Ce Nathan James, guitariste californien réputé pour ses fabrications de guitares, n'a aucun lien avec le guitariste d'Inglorius.

A lire aussi en SOUL par LE KINGBEE :


The FANTASTIC JOHNNY C
Boogaloo Down Broadway (1968)
Entre soul sixties et danse éphémère




Candi STATON
I'm Just A Prisoner (1970)
Joyaux de soul sudiste qui met la tête à l'envers


Marquez et partagez





 
   LE KINGBEE

 
  N/A



- Missy Andersen (chant)
- Heine Andersen (guitare)
- Soren Bojgaard (basse)
- Asmus Jensen (batterie)
- Jeppe Juul (orgue)
- Bob Mathes (saxophone 1-2-3-4-7)
- Robbie Smith (trompette 1-2-3-4-7)
- Paul Cougill (orgue 3)
- Nathan James (dobro 8)


1. Ace Of Spades
2. New Feet
3. I Can't Stand The Rain
4. Tell Mama
5. Same Old Blues
6. Little By Little
7. Pack It Up
8. Stand Up And Dance



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod