Petite découverte suggérée par l'un de nos lecteur, un bon album de jazz-funk ! Si il y a « groove » dans le nom de son auteur, on peut s'attendre au meilleur !

Si son nom ne parlera pas au néophyte et peut-être même pas forcément à l'amateur éclairé, Richard « Groove » HOLMES a pourtant fait beaucoup pour la cause du jazz-funk/soul-jazz (sous-genres volontiers interchangeables entres eux). On dit de lui qu'il est l'un des précurseurs de l'acid-jazz, avec presque vingt ans d'avance sur le mouvement ! Il n'y pourtant pas grand-chose à dire sur sa vie : il est né en 1931 à Camden dans le New Jersey et est mort à 60 ans à Saint Louis, Missouri, d'un cancer de la prostate. Il jouait de l'orgue et a sorti son premier album en 1961 sous le label Pacific Jazz. Il bougera pas mal de maison de disques pendant sa carrière, enregistrant pour Prestige Records, World Pacific et Blue Groove Merchant, Flying Dutchman...d'abord dans un style hard-bop avant de s'orienter vers des envies de soul. Dévoué à son public, il a joué ses derniers concerts en fauteuil roulant alors qu'il était déjà malade.

L'album choisi nous le montre sur la pochette sous un jour plutôt sérieux avec cette photo quelque peu défraîchie. Pour sa seule sortie chez Blue Note, le label aurait pu faire un effort et choisir quelque chose d'un peu plus sympathique, d'un peu plus raccord avec leur créativité habituelle...Mais comme l'habit ne fait pas le moine, la pochette ne fait pas l'album. Il y est accompagné par Weldon IRVINE au piano électrique, Gerald HUBBARD à la guitare, Jerry JEMMOTT et Chuck RAINEY à la basse, Daryl WASHINGTON à la batterie, Ray ARMANDO aux congas et par James DAVIS au tambourin. Une fine équipe dont il reste le leader incontesté, une autorité qu'il pose dès le début avec « Groovin' for Mr. G » conduite de bout en bout par un orgue furieux aux accents résolument funk. Il débraie d'une vitesse et revient à un hard-bop plus classique le temps de « Theme from Love Story » mais ah-ha ! C'est pour mieux surprendre son monde et faire une grosse accélération sur « Mr. Clean » où les percussions ont la vie belle. C'est donc pour cela qu'il y a un batteur, un joueur de congas et un autre de tambourin ! Coloré comme ça ça rappelle quelque peu ce que faisait Miles DAVIS à la même période (Live/Evil et A Tribute to Jack Johnson sont sortis la même année). On retrouvera cette influence sur « This Here » qui conclut l'album, mais avant cela il y a « Wave » qui fait un nouveau virage à 180° pour adopter une attitude laid-back Miami Beach style avec son influence bossa-nova/cool jazz/west-coast-jazz. Pas désagréable dans l'ensemble mais le vrai cœur du disque réside dans « Down Home Funk » et « Don't Mess With Me ». Ouh, là on parle ! C'est gras comme la friteuse d'un fast-food mais c'est tout bon, du bon gros jazz funky qui donne envie de faire balancer son arrière-train.

Plus hétéroclite qu'il n'y paraît au premier abord, Comin' On Home est un bon album. Peut-être pas le magnum opus de Richard HOLMES, mais une entrée solide dans sa discographie. Il s'y essaie à différentes choses sans vraiment se louper dans aucune d'elles, même si dans l'ensemble « This Here » et « Wave » sont en-deçà du reste. « Groovin' for Mr. G », « Down Home Funk » et « Don't Mess With Me » élèvent en revanche l'ensemble avec aise.