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2022 Blues Without You

Larry MCCRAY - Blues Without You (2022)
Par LE KINGBEE le 8 Août 2022          Consultée 795 fois

Originaire de l’Arkansas, Larry McCray enregistre enfin un disque qui devrait le replacer sur l’épicentre de la carte géographique du Blues.

Sa famille s’installe dans le Michigan alors que Larry n’est encore qu’un gamin. Au contact de sa sœur Clara, il se lance dans l’apprentissage de la guitare, alors que trois de ses frangins connaitront eux aussi de solides carrières professionnelles. Pendant plus de vingt ans, Larry va gagner sa vie en officiant sur les chaines de montages de la General Motors, ce n’est qu’en 1990, à tout juste trente ans qu’il devient guitariste à temps plein, signant avec Pointblank Records, label pour lequel il enregistre deux albums.
En 1998, Larry se fait remarquer avec Born To Play The Blues, CD édité par House Of Blues. En 1999, son nom revient dans les hautes sphères du Blues suite à sa participation à Tangled Up In Blues, une compilation ancrée dans le Blues mais dédiée à Bob DYLAN.

A l’orée du nouveau millénaire, faute d’un contrat solide avec une maison de disques, il fonde son propre label, Magnolia Records, ce qui lui permet de garder la main aussi bien sur le domaine artistique que financier. En 2006, le label français Dixiefrog édite sous sa bannière Live On Interstate 75, un album enregistré en public comme le suggère son titre et orienté vers un Blues pêchu aux confins du Blues Rock. Ses deux albums suivants publiés sous l’étiquette Magnolia Records ne lui permettront pas de gravir les échelons faute d’une distribution trop mince. Ces deux disques restent marqués par les participations de Dickey BETTS et Derek TRUCKS, rien d’étonnant puisque Larry McCray demeure un guitariste apprécié de ses pairs, un peu à l’image d’Albert KING ou Albert COLLINS, deux icones que Larry a bien connues (il n’a jamais joué avec Albert King).

Ne tergiversons pas, comme annoncé au début de ces lignes, Larry McCray nous propose ici son meilleur disque. Et pourtant certains noms figurant sur l’autocollant publicitaire agrémentant la pochette auraient pu faire frémir certains puristes du Blues. Il convient donc de rétablir notre brève inquiétude. Guitariste démonstratif qui a souvent tendance à en faire des tonnes, Joe BONAMASSA se montre ici excellent tant dans le domaine de l’accompagnement que dans celui de la production. Le second protagoniste, Josh Smith, propriétaire du Flat V Studios, studio d’enregistrement californien, apporte sa science de la production et de la guitare se montrant parfaitement complémentaire du premier nommé.

Porté par une voix chaleureuse, puissante, déclamatoire mais pleine de nuances et de feeling, Blues Without You resplendit également par sa qualité d’écriture. Ne vous imaginez pas entendre ici de sempiternels stéréotypes dédiés à un amour envolé, à une addiction ou un esprit de liberté. Excellent songwriter, Larry tisse une trame reposant sur des sujets variés mais terriblement quotidiens : la vieillesse, la mort, les dérives des médias, la désinformation, l’espoir d’une vie meilleure ou plus juste. Peu épargné par les aléas de la vie, Larry qui semble avoir gagné son combat contre le cancer, nous offre un formidable canevas reposant sur une intensité dramatique tirée du meilleur fût et sur un phrasé de guitare évitant soigneusement la facilité et les effets plein de poudre aux yeux.

Le répertoire garde un côté personnel (11 des 12 titres sont des originaux) alors que les mélodies produisent une identité sonore propre au guitariste. D’entrée de jeu, "Arkansas" avec son rythme à la Diddley Beat lance le disque sur de bons rails. Au gré des paroles, on imagine aisément les problèmes dont était victime la communauté afro-américaine dans cet Etat du Sud. Mené par une rythmique de métronome, "Without Love It Doesn’t Matter" constitue un bon mixte entre Albert COLLINS et Robert CRAY. Changement de cap avec "Good Die Young", les chœurs et un délicat nappage de cuivres et d’orgue confèrent une atmosphère proche du Gospel, tandis que les solos de guitare demeurent aussi brefs qu’incisifs occultant toute surenchère démonstrative.
Interprété en acoustique avec Warren HAYNES, "Down To The Bottom" nous entraine cette fois vers une pépite de Country Soul ; l’orchestration et les arrangements nous propulsent entre les sonorités du Grand Sud et de la Californie. Nouveau contrepied avec "Breaking News", un Funky Blues qu’on pourrait croire sorti tout droit d’un fond de tiroir de la Stax. Les chœurs et le tapissage de cuivres apportent une dimension supplémentaire pour une piste proche du hors norme, alors que le texte dévoile une critique acerbe de la politique injuste pratiquée par le gouvernement (Trump).
Autre petit virage à 90 degrés avec "Drinkin' Liquor And Chasin' Women" avec cette fois la collaboration de Joanna Connor en symbiose avec son leader. Cette fois, McCray semble s’inspirer du décor d’une taverne du West Side de Chicago, un titre entrainant en filigranes de Jimmy DAWKINS. Royal, Larry permet à son acolyte Joe Bonamassa d’endosser le premier rôle sur "Mr Easy", un Soul Blues d’excellente facture superbement patiné d’orgue. La douceur est le premier élément qui vient à l’esprit à l’écoute de "No More Crying" chanson sur la mort, tandis que la cadence s’accélère avec "Don't Put Your Dreams To Bed" parsemé d’une légère touche Funky. "Roadhouse Blue" * seule reprise du disque, McCray distille un phrasé de gratte rappelant le regretté Albert KING, une interprétation qui reste cependant loin la copie servile, le guitariste gardant là sa propre identité sonore.


Malgré la qualité de chaque morceau invitant une réécoute immédiate, il nous parait ardu de ne pas adresser une mention à "Blues Without You (For Paul)", véritable titre phare qui donne par ailleurs son titre à l’album. Ce splendide Slow Blues rend hommage à Paul Koch, ami et ancien manager du guitariste, on notera au passage que Larry ne plonge pas dans un pathos de circonstance. Enfin on appréciera comme il se doit (ou pas) "I Play The Blues" en guise de fermeture. Délivré en solo et en acoustique, la chanson pourrait lui servir de profession de foi.

Que cela soit au niveau d’une production particulièrement bien léchée, des arrangements aussi soignés que délicats, d’un répertoire aux sonorités variées et des textes se distinguant de la production actuelle, Larry McCray nous délivre l’album qu’on attendait depuis longtemps. Afin d’être complet, signalons que les membres de son orchestre et les divers invités frôlent les sommets en matière de backing. Souhaitons que le label floridien Keep The Blues Alive, qui avait auparavant édité Joanna Connor, Joanne Shaw Taylor ou DION, puisse apporter à ce bluesman la notoriété qu’il mérite. Ce disque est proposé sous forme d’un CD et aussi en double vinyle.


*Titre homonyme à celui des Doors.

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   LE KINGBEE

 
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- Larry Mccray (chant, guitare)
- Josh Smith (guitare)
- Warren Haynes (guitare 4)
- Joe Bonamassa (guitare 9)
- Joanna Connor (guitare 7)
- Travis Carlton (basse)
- Lemar Carter (batterie)
- Reese Wynans (claviers)
- Mark Douthit (saxophone)
- Barry Green (trombone)
- Jeff Bailey (trompette)
- Steve Patrick (trompette)
- Dannielle Deandrea (chœurs)
- Jade Mac Rae (chœurs)


1. Arkansas
2. Without Love It Doesn't Matter
3. Good Die Young
4. Down To The Bottom
5. Breaking News
6. Roadhouse Blues
7. Drinkin' Liquor And Chasin' Women
8. Blues Without You (for Paul)
9. Mr. Easy
10. No More Crying
11. Don't Put Your Dreams To Bed
12. I Play The Blues



             



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