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2008 See It My Way

Earl THOMAS WITH PADDY MILNER - See It My Way (2008)
Par LE KINGBEE le 2 Février 2023          Consultée 474 fois

Certaines productions émanent d’associations inattendues, il arrive que ces mariages insolites débouchent sur une union couronnée de succès. Avouons que l'association entre Paddy MILNER, pianiste écossais ancré dans le Jazz, et l’afro-américain Earl THOMAS, son aîné de vingt ans, avait de quoi surprendre.

Earl Thomas Bridgeman n’est pas un inconnu : il n’y a pas un coin en Europe où le chanteur ne se soit pas produit. Ces dernières années, il reste l’auteur de plusieurs collaborations avec le guitariste brésilien Igor Prado.
Originaire de Pikeville, une bourgade perdue à l’Est du Tennessee, Earl Thomas voit le jour en 1960. Il se passionne très vite pour la musique et entreprend une carrière de bassiste à Memphis pour la Stax, accompagnant notamment Albert KING et The Emotions. Mais la faillite du label aux doigts qui claquent l’incite à se reconvertir dans la chirurgie dentaire. L’histoire aurait pu s’arrêter là si Earl n’avait pas été victime d’un grave accident lors d’une randonnée, tombant au fond d’un ravin vingt mètres plus bas. Ce coup du sort dont il sort miraculeusement l’incite à revenir à sa première passion, la musique. Earl enregistre Blue … Not Blues, son premier disque, en 1991. Si cinq autres albums, dont deux édités par le label Memphis International, viennent grossir sa discographie jusqu’en 2008, ceux-ci ne suscitent guère les éloges de la presse spécialisée ; les galettes, qui oscillent jusqu'alors dangereusement entre pop, blues, gospel et soul, souffrent d’accompagnements inconstants.

Natif d’Edimbourg, Paddy Milner passe son enfance près de Bournemouth, sa famille s’étant établie en Angleterre. Il se lance très tôt dans l’apprentissage du piano, intégrant le Thomas Hardye College, une école spécialisée dans l’étude de la musique classique. A la fin de son cursus universitaire, Paddy fait ses gammes auprès de Todd Sharpville, probablement le premier bluesman au sang bleu, puis enchaîne chez Bronze Records, label pour lequel il enregistre deux albums. L’Ecossais s’offre un parcours des plus éclectiques, enregistrant comme pianiste de session pour des artistes aussi variés que David Gilmour, Boy George, Joss STONE, Jack BRUCE, Curtis Salgado ou Kim Wilson.

En 2007, les deux hommes se rencontrent lors du Legendary Rhythm Blues Cruise, une croisière musicale à laquelle participent aussi Bobby RUSH, Eden BRENT et TAJ MAHAL. L’Américain et l’Ecossais se lient d’amitié, Earl rejoignant Paddy lorsque celui-ci se produit lors des soirées piano bar improvisées. L’alchimie entre les deux hommes aux répertoires aux antipodes semble si bien fusionner qu’ils décident de poursuivre ensemble l’aventure.

L'album est enregistré à Londres au Fish Factory Studios, à deux pas du stade de West Ham United, le 5 et 6 juin 2008. Si Earl est un chanteur dont le timbre peut s’adapter à plusieurs registres, c’est aussi un bon auteur, connu pour avoir composé "I Sing The Blues" pour Etta JAMES. Il reste le plus gros pourvoyeur en matière de compos avec quatre titres dont trois co-écrits avec Phil Wootton, un fidèle complice. Si Milner apporte deux compos, le guitariste de Chicago Randall Breneman n’est pas en reste avec trois titres à la clef. Signalons la production soignée partagée par les différents membres du groupe, procédé débouchant généralement sur une forte implication.

Thomas et Milner sont secondés ici par The Big Sounds, une équipe soudée emmenée de main de maître par Breneman (déjà entendu auprès de BB KING, John MAYALL, Buddy GUY ou MORCHEEBA). On retrouve le batteur Alex Reeves (Shania TWAIN, Bobby WOMACK, Nick CAVE), le guitariste Marcus Bonfanti (Buddy WHITTINGTON, P.P. ARNOLD), le bassiste canadien Scott Wiber (Sandi Thom) et une section de cuivres constituée du saxophoniste Ben Somers (Dr. JOHN, Taylor SWIFT, SEAL), du tromboniste Bob Dowell, accessoirement époux d’Eden Brent (Robert CRAY, Bobby RUSH, Tony Joe WHITE) et du trompettiste-saxophoniste Jonathan Radford (membre de l’orchestre de John Williams).

Titre d’ouverture donnant son nom à l’album, "See It My Way" lance le disque sur de bons rails, un mélange bluesy pâtiné de pop assez proche de Robert CRAY. Chaque instrument est mis en valeur sans la moindre recherche démonstrative. "All You Need" se fait plus sombre, le piano tient incontestablement le premier rôle tandis que les cuivres délivrent de brefs passages à la sonorité vintage. La frontière entre soul, gospel et blues est parfois difficilement décelable, le délicat "Right To Your Soul" en est le parfait exemple. On retrouve certains des mêmes ingrédients sur "Better To Have Loved & Lost", titre qui pourrait faire fureur lors d’une messe dominicale dans une église américaine. Si l’orgue s’annonce terriblement churchy, la qualité des chœurs semblables à certains prêches évangéliques étonne et renforce la teneur du morceau.
Les guitares et les claviers s’emballent sur "Same Old Blues", morceau qui a contrario de son titre s’oriente vers un blues moderne made in Californie. Virage à 90 degrés avec "Daylight", une ballade dans laquelle la slide et la guitare acoustique se taillent la plus grosse part du gâteau. Le piano de Paddy Milner nous fait remonter dans les années trente sur "Stone Cold Sober", un Ragtime naviguant entre Slow Drag et Marche, deux registres complémentaires du Rag. "You Got Me", une ballade au piano évoquant Leo Sayer, clôt les débats en toute simplicité, Paddy Milner s’offrant un solo surfant entre pop et jazz.

Mais, s’il fallait détacher un titre, "Lead A Horse To Water" remporterait sûrement la timbale. Les guitares impriment un riff simple mais terriblement obsédant tandis que l’orgue propose un saupoudrage d’église apportant une dimension supplémentaire. Inspiré d’un proverbe américain, les paroles chantées par Earl Thomas prennent ici une coloration quasi-biblique. Un titre puissant que reprendra Tracy NELSON. Autre plage marquante, "Deconstruct The Devil" délivre un blues entraînant à la mélodie accrocheuse à laquelle l’accordéon engendre une touche pittoresque, loin des flonflons de nos bals de province.

Les puristes pourront reprocher une exposition trop pop. Les amateurs de blues percevront peut-être un dangereux tangage, le groupe a parfois le cul entre cinq chaises, entre blues, gospel, soul, rock patiné de pop, ce que certains qualifient d’éclectisme. Earl Thomas nous délivre ici ce qui semble être son meilleur opus, parfaitement secondé par des musiciens qui n’ont de cesse de mettre les partenaires en valeur. Un répertoire solide et une orchestration cohérente demeurent toujours des atouts en béton au moment de mettre une note.
Comme l’indique involontairement son titre, cet album suit son petit bout de chemin. Publié une première fois en 2008, le CD a été réédité en 2011 par le label allemand Pepper Cake avec une jaquette plus attrayante.

Note réelle 3,5.

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- Earl Thomas (chant)
- Paddy Milner (piano, orgue, accordéon, chant)
- Randall Breneman (guitare, chœurs)
- Marcus Bonfanti (guitare, chœurs)
- Scott Wiber (basse, chœurs)
- Alex Reeves (batterie, percussions, chœurs)
- Ben Somers (saxophone, chœurs)
- Bob Dowell (trombone, chœurs)
- Jonathan Radford (trompette, chœurs)


1. I See It My Way
2. All You Need
3. Right To Your Soul
4. Same Old Blues
5. Better To Have Loved And Lost
6. Daylight
7. Stone Cold Sober
8. Lead A Horse To Water
9. Deconstruct The Devil
10. You've Got Me



             



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