Quelle bonne surprise !
En ce début d’été, ANTONIN nous offre un disque frais, à la beauté faussement naïve et au charme un peu suranné mais, surtout, un album très réussi.

Bassiste du groupe PAPOOZ, ANTONIN nous propose là un disque rafraichissant et envoûtant dans lequel sa Pop sucrée s’entremêle de saveurs exotiques et de partis-pris artistiques qui jouent avec nos sens. Nous sommes toujours à deux doigts de considérer que le résultat fleurte avec le je-m’en-foutisme ou la maladresse, mais c’est clairement le charme qui l’emporte.
Sa présentation dans un Italien burlesquement crédible, "Antonino", est à l’image de ce disque. On oscille entre le charme et la dérision, le tout avec une fausse désinvolture et une belle maîtrise des arrangements.
"Robinson", avec sa guitare aux sonorités hawaïennes et son jeu de mot aussi banal que formidable confirme ce sentiment. L’artiste a clairement un don pour se jouer des frontières et du second degré, et pour jouer de nos sens, le tout avec une douceur qui ne se dément jamais.
Il en va ainsi de "A nos amours", un morceau tout en tendresse et en légèreté. Ou bien avec "A nos amours", une déclaration tout en retenue.
"Ivre mer" se révèle un titre un peu plus surprenant. Son chant apparaît si fragile, à la limite de sonner faux, et pourtant le morceau se révèle très touchant. Nous sommes là sur le fil du rasoir, à la limite du rédhibitoire et du sublime. A mon sens, c’est bien ce dernier sentiment qui l’emporte. Il est à noter que ce titre est une reprise du groupe HANGAR, un des précédents groupes d'ANTONIN.
"Je veux mourir avec toi", avec le chant dans une langue qui m’est inconnue, est également un bon moment du disque avec son ambiance mi-grecque, mi-moyen-orientale. Ce titre existe également dans une version bien plus Electro, remixée par POLO & PAN, et qui, par comparaison, nous aide à prendre la mesure de l’aspect assez sobre de ce disque.
Les deux instrumentaux "Caresse 1" et "Caresse 2", s’ils ne sont pas exceptionnels, sont bien agréables et s’intègrent à merveille dans l’ambiance générale de l’album. Il s’agit toujours d’une Pop organique et relativement sobre, qui s’enrichit de petites touches d’exotisme.
Il n’y a guère que "Ca fait du bien" qui tourne un peu en rond. Ce n’est pas désagréable, mais il manque à ce titre un peu de chair pour qu’il soit réellement marquant.
Reste "Maman", un morceau à part, sorte de déclaration d'amour adressée à sa mère en version Slam, avec un seul Ukulélé pour accompagnement. C’est clairement en décalage avec le reste de l’album et cela brise un peu le charme de celui-ci. Mais le côté touchant et généreux de ce titre atténue grandement l’amertume de ce sentiment.

Au final, il ne ressort de l’écoute de En silence, dont le nom serait tiré de celui du bateau de sa mère, qu’une envie de renouveler le voyage, tant celui-ci est enivrant.
A mi-chemin de L’IMPERATRICE, de Nino FERRER et de Ben MAZUE ayant intégré la notion de relief, ANTONIN s’impose comme un artiste singulier et envoûtant.
Vraiment, une très belle découverte pour moi.