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2000 Water To Wine

DC BELLAMY - Water To Wine (2000)
Par LE KINGBEE le 5 Mars 2024          Consultée 194 fois

Fondé au début des eighties par Jim O’Neal, le label Rooster qui doit son nom à un titre de Lightnin’ SLIM, connaît à l’orée du nouveau millénaire une formidable résurrection après une période de sommeil. D'affilée, le petit indépendant édite deux coups de canons Freedom Creek de Willie KING et Water To Wine enregistré par le méconnu DC BELLAMY. Encore une preuve que les gènes jouent un certain rôle dans le domaine des arts et en particulier celui de la musique.

Gregory Washington (d’où son futur pseudo DC) voit le jour en 1949 à Chicago. Demi-frère de Curtis MAYFIELD (ils ont le même géniteur), le jeune Gregory se lance très tôt dans l’apprentissage de la guitare. Issu d’une famille très religieuse avec une grand-mère pasteure, le Blues n’entre pas dans les prérogatives musicales de la famille, seul Jimmy REED fait de brèves apparitions sur le tourne-disque familial. Harry BELAFONTE demeure la première source d’inspiration du jeune guitariste chanteur. Adolescent, Gregory intègre plusieurs petits groupes locaux (The Traits, The Majors IV, The Kittens) mais ce n’est qu’à la fin des sixties qu’il embrasse la carrière de guitariste professionnel aux côtés de Betty EVERETT qu’il accompagne pendant presque dix ans. Entre 1967 et 1970, il enregistre sous le nom de Gregory Washington deux singles pour Aramecium et Brainstorm Records, qui passent totalement inaperçus.
DC Bellamy entame ensuite une carrière en free-lance, devenant guitariste, arrangeur, compositeur pour Donny HATHAWAY, Gene Chandler et les Chi-Lites. Son talent et sa capacité à se fondre dans plusieurs moules lui permettent de se produire dans les clubs du Westside et du Nord, c’est ainsi qu’il joue sur scène aux côtés de Magic SLIM, Junior WELLS, Otis Clay, ZZ Hill ou Cicero Blake. En 1990, il traverse l’Atlantique et vient en Europe où il accompagne la blueswoman Zora Young. Etabli à Kansas City, il intègre le Third Street Blues Band en compagnie du batteur James Wilson et du pianiste Harrison Irons, groupe qui devient l’orchestre attitré du Paradox, club où DC Bellamy se fait remarquer par Jim O’ Neal qui décide de le prendre sous contrat.

Sous son patronyme, figure la mention & America’s Most Wanted, il s’agit en fait de l’orchestre qui épaule le chanteur guitariste depuis quelques mois. Un ensemble parfaitement complémentaire d’autant qu’on y retrouve les fidèles James "Spoon" Wilson (ex-Linsey Alexander) et Harrison Irons mais également de nouveaux musiciens débordant de fraîcheur. Si Ben Shult et Loui Villeri (ex-Eddie C CAMPBELL, Harry Hypolite) se succèdent à la basse, les deux musiciens forment avec 'Spoon' Wilson une rythmique, véritable gardienne du temple alors que Jimmy D. Lane (rejeton de Jimmy Rogers) vient prêter main forte sur un titre.
Enregistré à Salina au Blue Heaven Studios, un studio d’enregistrement nouvellement conçu sur les fondations d’une ancienne église gothique, lors de sept sessions (16 et 17 décembre 1999, 8-9-10-20 et 21 mars 2000) sous la houlette de Jim O’Neal, Water To Wine frappe d’entrée par sa qualité sonore, le producteur ayant pris soin de placer John Brandt III derrière les consoles, l’ingé-son attitré du label APO.

Excellent songwriter doublé par une longue carrière d’arrangeur, Bellamy fait mouche d’entrée : "Make Love", le chant chaud et une guitare incisive évitant toute frasque démonstrative inutile, plante le décor. "Just Foolin’ Yourself" confirme cette excellente impression. Il récidive sur "Water To Wine", titre donnant son nom à l’album, avec en arrière fond un harmonica qui apporte une touche chicagoanne.
S’il s’avère ardu de définir avec exactitude le style de Blues présentement proposé, le Chicago Blues apparaît comme la trame centrale. Mais les voyages et influences ayant jalonné la route du guitariste tout au long de sa vie se retranscrivent sur certains titres, sans que la cohésion et la ligne directrice n’en souffrent à aucun moment. Avec son intro de pizzicatos et ses volutes d’orgue "Give Me What I’m Gettin" tient autant du Chicago que d’un Gospel énergique à la W.C. Clark. On retrouve des fragrances de Soul sur "I Ain’t Gettin’ What I Used To Get", même impression sur "I Won’t Be Around You". Si le timbre frôle les sommets de l’excellence par sa chaleur et son feeling, le jeu de guitare se révèle flamboyant du début à la fin, DC Bellamy privilégiant l’émotion à une dextérité cache pompon servant bien souvent à masquer un manque de sensibilité et d’harmonie. Histoire de casser les codes, "Out Of The Safety Zone" réussit le tour de force de fusionner California Blues à la Robert CRAY et Texas Blues à la manière de W.C. Clark. A contrario, "Next Door Neighbor’s Woman" se range dans une case proche du Westside de Chicago.

Excellent compositeur, le guitariste s’offre trois reprises, toutes bien éloignées de la copie servile. C’est ainsi qu’il déstructure "Dimples", transformant le boogie frustre de John Lee HOOKER en une belle pièce de Soul dans laquelle l’harmonica de Dan 'Juice' Hettinger s’offre de belles variations, alors que les nappes d’orgue d’Harrison Irons nous renvoient à l’époque de l’Alan Price Combo. Une reprise rebrousse-poil par rapport à celles des ANIMALS ou CANNED HEAT. Seul blues lent du disque, "If You Say Kay" * rend hommage à Memphis SLIM. Si l’original se révélait tristounet avec pour seul instrument un piano, ici la chanson prend de la consistance, la basse apportant de la rondeur, tandis que le piano se montre respectueux tout en gommant certains effets parodiques de la version d’origine. Mais la meilleure pioche réside dans la reprise de "Hitch Hike", une vieille guimauve de Marvin GAYE reprise au fil du temps par MARTHA & The VANDELLAS, les STONES, le duo James & Bobby Purify (deux cousins). Là, si la guitare aérienne impulse comme une éruption de joie, l’harmonica, le piano et la rythmique s’engouffrent dans cette pure explosion pleine de peps. C’est simple, même la version des SONICS en mode Garage fait figure de petite fille en comparaison.

Il est rare qu’un disque ne comporte pas de faille, ici le répertoire allie originalité, superbes compositions, cohérence, complicité entre les différents musiciens, trois excellentes relectures et un chant ardent plein de feeling et de contraste. Enfin, signalons un jeu de guitare accompli rappelant par moment Albert KING et Eddie C. CAMPBELL. Mention à "Make Love" et "Hitch Hike". En mai 2000, le guitariste est l’auteur d’une prestation haute en couleurs au Méridien. On le revoit en France en 2008, dans le cadre d’une tournée Chicago Blues Festival en compagnie d’Andrew 'Jr. Boy' Jones et de la chanteuse Shakura S’Aida. DC Bellamy s’est éteint en novembre 2023 à 74 ans.


*Titre homonyme à ceux d’April Wine et The Script

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- Gregory 'dc' Bellamy (chant, guitare)
- Jimmy D. Lane (guitare 6)
- Loui Villeri (basse 1-4-5-6-7-9-12)
- Ben Shult (basse 2-3-8-10-11)
- James 'spoon' Wilson (batterie)
- Harrison Irons (piano, orgue 1-8-9-12)
- Ray Hopper (orgue 2-3-4-5-6-7-11)
- Dan 'juice' Hettinger (harmonica 3-8-10-11)


1. Make Love
2. Just Foolin' Yourself
3. Water To Wine
4. Out Of The Safety Zone
5. Give Me What I'm Gettin'
6. I Ain't Gettin' What I Used To Get
7. Next Door Neighboor's Woman
8. Dimples
9. I Won't Be Around You
10. Hitch Hike
11. I Can't Leave You Alone
12. If You See Kay



             



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