Didier Paquette est un batteur et claviériste ayant participé au groupe de rock progressif CENTAURE et officié en tant qu’ingénieur du son pour les formations BÂTIMENT 7B, RÉSISTANCE et BIG BIDON BAND. Il a surtout réalisé l’album Le Souffle Noir en 1981, sur le défunt label FLVM qui permettait à n’importe quel groupe ou musicien de publier de la musique en auto-production.

Le Souffle Noir est à dominante électronique, construit sur des séquences et rythmiques, des canevas harmoniques au synthétiseur polyphonique Korg et des mélodies en semi-improvisation. La musique y est assez progressive, avec les morceaux à tiroirs "Les Cavaliers De Rohan", "Le Spectre De Minas Morgul" et "Le Dernier Chant Des Elfes", ainsi que les plus calmes "La Cité Des Galadhrim", "Arwen, Namarie!" et "Les Havres Gris".

Les défauts de cet album sont de deux ordres. D’une part, un certain manque de structure musicale, se ressentant avec les soli de synthétiseur pas toujours bien cadrés, une rythmique inconstante et quelques longueurs. D’autre part, la production est à couper au couteau, les claviers et la batterie étant excessivement réverbérés. À ce double titre, "Arwen, Namarie!" est le véritable point faible de cet album, ressassant deux phrases musicales sur six longues minutes, la batterie étant complètement circluse par les nappes mollassonnes, sans même parler du chant vaseux, pour un résultat très rébarbatif. C’est d’autant plus dommage que le précédent morceau, le chouette et séquencé "Très Précieux Trésor De Gollum", s’en trouve indûment écourté.

Pourtant, Le Souffle Noir est de qualité. "Les Cavaliers De Rohan" et "Le Spectre De Minas Morgul" sont de la musique électronique épique et bien campée, bénéficiant particulièrement de la dualité entre la boîte à rythme et la batterie allant de motifs en soli, en particulier "Le Spectre De Minas Morgul" aux séquences et breaks jouissifs. Sans oublier "Le Dernier Chant Des Elfes", tout aussi gouleyant avec son délectable enchaînement de deux thèmes (dont un tiré des "Cavaliers De Rohan") et sa batterie bien volubile. Le mid-tempo "La Cité Des Galadhrim" est plus réussi que "Arwen, Namarie!" et "Les Havres Gris" conclut joliment l’album avec des arpèges de guitare mélancoliques.

Le Souffle Noir est ainsi moins bordélique qu’il ne peut le sembler au premier abord. Il surpasse même largement l’album de CENTAURE. Malgré son prix de vente élevé, cet unique album de Didier PAQUETTE est heureusement facilement trouvable en écoute sur le Net.

3 ½ sur 5