L’année 2008 s’annonce remplie pour CEEPHAX, avec au moins une compil’ et un album au programme sur le label Planet-Mu. Pourtant, le premier coup de semonce vint d’une collaboration avec l’inusable ACID QUIFF, qui me prit au dépourvu au niveau de la contre-escarpe, dégageant mon flanc de la courtine jusqu’au premier fortin.*¹ On se souvient (moi oui en tout cas) de la première collaboration entre les deux larrons en 2006 : la cassette Funbox, malheureux prédécesseur de l’Eurostar Acid sorti l’année suivante. Cette fois-ci, la cassette audio laisse place à un vinyle bleu fluo du meilleur goût pressé par le label Kitchen Dweller Records. CEEPHAX a au moins pour lui de me faire découvrir un label complètement obscur presque à chaque sortie.

La répartition des pistes est digne de la plus tendre utopie égalitaire : CEEPHAX occupe la Face A, ACID QUIFF la Face B. L’attribution des faces aurait pu avoir un quelconque avantage décisif dans une diffusion à grande échelle (single = Face A, théorème admis), mais vu le petit nombre de vinyles pressés, Charles FOURIER peut dormir tranquille.

CEEPHAX nous livre donc Wild Westie, ensemble de trois titres plutôt orientés Acid Techno : « Here We Go Again », « Acid Stetson » et « Acid Rodeo ». Le premier est directement inspiré de « Here We Gowowowo » présent sur le Volume 1, les samples de Super Mario en moins. Le second est un bidule électronique anecdotique et grésillant à l’image des « compositions » de l’Eurostar Acid. Le troisième, et là ça devient intéressant, ressemble de loin à une vieille B.O. de jeu vidéo (exemple : celle du jeu où le vaisseau 5 pixels Galaxian extermine sauvagement les destroyers aliens monopixels). De loin, car au bout de deux minutes, le synthé déraille, la boîte à rythme crachote, le tempo s’accélère. Ceux dont le cerveau est depuis longtemps grignoté par un pac-man vorace verseront une petite larme sur cette belle composition, hommage aux machines d’autrefois. SOCRATE lui-même ne disait-il pas : « C’est fou ce qu’on peut faire avec un Amiga ! ».

La Face B quant à elle, est le siège d’une seule composition, celle d’ACID QUIFF : « Romantic Gestures ». Cette « fresque » de dix minutes développe quelques conseils galants décalés sur fond de beats lancinants. A vrai dire, la musique en elle-même n’a pas franchement d’intérêt, les rythmes sont primaires, les mélodies absentes, bien que l’ensemble possède un certain charme, peut-être en raison de ce côté « B.O. déjantée » pour court-métrage trop sérieux. La voix-off, le principal attrait du morceau selon moi, évoque à la fois Alfred Hitchcock en présentateur de la série « Alfred Hitchcock Presents » (logique) et les clips américains des années 50 où un fonctionnaire zélé professait d’un ton grave quelques moyens de se prémunir de la bombe atomique : se cacher sous la table, descendre à la cave (impensable en France : et si le pinard explose ?) ou encore mettre son gilet anti-rayons gammas.

En définitive, Wild Westie / Romantic Gestures est « marrant », sans plus, c'est-à-dire qu’on a vraiment du mal à l’écouter comme une œuvre musicale « sérieuse », ce que la moitié au moins de la discographie de CEEPHAX n’est pas. En dernier recours, le vinyle bleu fera un magnifique ornement à suspendre au-dessus de votre collection de dinosaures en plastique.

*¹ Note Shandienne : pour les amoureux de l’art des fortifications, voir les discours enflammés de l’Oncle Toby à ce sujet dans « Vie et Opinions de Tristram Shandy » de Laurence STERNE.