Free était un groupe anglais de blues rock formé fin 60s, légèrement hard sur certaines chansons, mais toujours avec un feeling énorme. A défaut de se lancer dans des improvisations psychédéliques comme Cream, ou bien de jouer du blues de façon très classique comme Fleetwood Mac, Free s'est orienté vers un style très lourd, très groovy, assez hypnotique pour être précis. Ce live était censé montrer de quoi était capable le groupe sur scène, et aussi censé surfer sur la vague de succès due au single All Right Now (presque toute la discographie d'AC/DC est basée sur cette chanson!). Cet album réunit en fait 2 concerts, l'un au Fairfield Hall de Croydon le 13 septembre 1970 et l'autre à Sunderland en 1971.

On a donc affaire à un mélange de titres issus des différents albums de Free sortis jusque là : Tons Of Sobs, Free, Fire & Water et Highway. Les choix des titres sont judicieux ; en effet, les albums de Free n'étant pas parfaits de bout en bout, sélectionner les meilleurs titres de chaque album permet de garder une dynamique du début à la fin du live, ce qui n'est pas toujours le cas sur les albums studios. De plus, tout est joué avec une intensité assez impressionnante. Sur certains morceaux, on atteint une puissance de feu à faire pâlir les collègues de chez Led Zeppelin.
Les musiciens de Free étant tous très compétents et inspirés ce jour-là, ils se permettent de transcender leurs chansons à chaque fois ! Paul Rodgers, comme à son habitude, est envoûtant, un frontman charismatique comme on les aime (cf. Be My Friend). Paul Kossoff exécute des solos toujours très inspirés et incisifs, avec ce son inimitable, gorgé de feeling et de vibrato. Et par dessus le marché, la section rythmique se permet d'être dévastatrice. Simon Kirke (qui remplacera John Bonham le temps de quelques concerts quelques années plus tard!) est hallucinant de groove et de précision, et Andy Fraser, dont le son de basse est très mis en avant chez Free, montre qu'il est un bassiste très talentueux, notamment lors du mythique solo de Mr. Big.

On trouve donc un peu de tous les styles sur ce CD : des morceaux très lourds et puissants aux riffs dévastateurs (The Hunter, Trouble On Double, Fire & Water), des morceaux plus posés (Be My Friend, Get where I belong), et d'autres longs et hallucinés comme Moonshine (peut-être le plus psychédélique du groupe avec son tempo hyper ralenti et ses crescendos).
Après une telle prestation, on est évidemment KO ! Ah ! Si seulement les (très jeunes) membres de Free avaient pu continuer sur cette lancée, ils seraient aussi grands que les plus grands. Mais l'addiction à l'héroïne, puis la mort de Paul Kossoff auront eu raison du groupe, qui sans son guitariste de génie, n'est plus le même.