Vous rappelez-vous de ce clip dévoilé il y a quelques semaines par les jeunes UMP et qui voit quelques partisans du mouvement, aidés bon gré mal gré par quelques pontes du parti, militer en playback pour un monde meilleur sur un fond d'ignoble musique pop aux vertus laxatives ? Pensez-vous qu'il soit possible d'aller plus loin dans l'indigence musicale ? Non ? Alors vous ne connaissez pas encore AVALON.

Fer de lance d'un mouvement rock chrétien tributaire d'un succès conséquent outre-atlantique, AVALON est lauréat de nombreuses récompenses spécialisées (les meilleurs artistes de musique chrétienne étant récompensés par les fameux et fumeux Dove Awards...) et peut se targuer d'avoir écoulé à ce jour environ 4 millions d'albums. Auteur d'une demi-douzaine d'albums studio, AVALON est visiblement ce qui se fait de mieux dans le style, ayant eu, au cours de ses 14 ans d'existence, pas moins de 21 singles classés #1 dans les charts du pays de l'Oncle Sam. La preuve définitive que les Américains contemporains n'ont décidément aucun goût en matière de musique ?

Car il faut bien le dire, le modern rock en l'honneur de Jesus Notre Seigneur Osannah au plus haut des Cieux mériterait d'envoyer tous droit les 4 membres du groupe (à la parité sexuelle respectée) brûler en enfer ! Constitué de 10 morceaux (dont le titre est à chaque fois constitué d'un seul mot), Reborn voit AVALON asséner un rock radiophonique d'une simplicité et d'une banalité affligeante : intro calme, alternance voix masculine/feminine, puis refrain aux riffs plaqués repris jusqu'à plus soif, le tout bien entendu agrémenté d'éléments électroniques et de paroles à la gloire du barbu crucifié, mais d'un niveau littéraire à causer une vague de suicide sans précédent au royaume des anges : « Je crois que tu peux créer de nouvelles choses, car dans mes rêves, tout est soudain devenu nouveau », nous chante sur "Reborn" un Greg Long doté très probablement d'une foi inébranlable mais également de cordes vocales à la puissance assez limitée, si l'on en juge par le nombre d'overdubs et de corrections électroniques plus qu'énervantes ajoutés au chant du bonhomme.

Doté d'un refrain immédiat et plutôt sympathique, "Reborn", le premier morceau de l'opus, est par ailleurs le seul titre dont l'écoute ne relève pas du chemin de croix... Car pour le reste, rien ne surnage dans un maelström de tous les diables : pop-rock fadasse ("Feel"), power-ballads téléphonées ("Destined", "Angels") et titre de clôture grandiloquent doté de paroles permettant au groupe d'avoir de bons espoirs pour le prochain prix Goncourt ("Holy" - « Tu es sacré, oh si sacré, tu es sacré Mon Dieu...). Représentant le degré zéro de la créativité et de l'inspiration, Reborn n'est qu'une suite de ratages divins qui trouveront peut-être leur écho dans le Royaume des Cieux ainsi qu'à Salt Lake City mais qui, espérons-le, n'envahiront pas les bacs de nos disquaires.

« Silence devant le Seigneur, l'Eternel ! », nous dit la Bible. Prions pour qu'AVALON daigne enfin respecter ce précepte!