AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

L’univers du cinéma ne pardonne pas, c’est une vaste industrie qui peut se montrer aussi complaisante qu’impitoyable, comme un polar…
« La nuit est froide, les rues sont vides, le vent peine à faire danser le coq de bronze fièrement jonché sur son mystique piédestal, non loin de là, dans l’ambiance brumeuse d’un bar vieux mais chaleureux, sont installés autour d’une table 5 personnages…

« J’me couche… » S’exclama le premier.

« Alors fiston, on se dégonfle ? Je savais que ton « Sherlock Holmes » ne ferait pas long feu ! » Rétorqua le second.

« Tu peux parler, Clint, t’as peut-être séduit les foules avec « Invictus », mais tu n’as gagné que deux Oscars ! » Affirma le troisième.

A ce moment le quatrième, se cachant derrière ses cartes, marmonna : « Ca y est… Kathryn à de nouveau mal aux chevilles… ! La compétition était serrée, mais ils étaient trop coincés à l’idée de donner des Oscars à mes indigènes bleus… bon Tim, tu suis ou tu te couches ? ».

Tim était perplexe, pourtant sa victoire était presque écrite, mais après le coup de James, il n’avait pas le droit à l’erreur. Son jeu était défensif, Johnny Depp, Mia Wasikowska, Helena Bonham Carter, une production de folie, et surtout, Danny ELFMAN, sont ange gardien mélomane, sur qui il a compté pour prolonger la magie de son univers, « Nom d’un chien, il n’a pas intérêt à se planter » songea-t-il… « Allons-y … ».
Il hésita un instant, puis dévoila son jeu… Les convives furent surpris.

Une chose est sûre, Tim n’était pas au sommet de son art, il avait clairement masqué la médiocrité de son histoire derrière la poudre des images, mais contre toute attente, Danny s’était enfermé dans un cercle de banalités qui ne lui était guère familier.
L’introduction sur « Alice Theme » est plutôt intéressante, mais fait échos à 5 reprises ponctuant l’album d’une intermittence plutôt pompeuse. « The Cheshire Cat » envoûte par ses accords mystérieux, « Alice Escapes » possède un ton assez grandiose et de « Only A Dream » s’émane une douceur poétique et éphémère. Sinon, on est rarement surpris à l’écoute de l’album, il est à l’image du film : plat.

« Et ben… qui veut une autre bière ? » demanda Clint en brisant le silence de plomb qui s’était froidement installé.

Sa question passa inaperçue, car le ton singulier de Danny ELFMAN, malgré le manque de profondeur de sa musique, captiva un instant les confrères, James apprécia tout particulièrement les chœurs omniprésents et chers au compositeur et Kathryn l’orgue funèbre récurrent qui mettait un point d’honneur à la signature de Burton (« Alice’s Theme », « Proposal/Down The Hole », « Bandersnatched », « Alice Decides »). Le gros problème est qu’ELFMAN avait bâclé son travail, s’arrêtant net au seuil d’une recherche dans laquelle jadis il trouvait confort, il s’était simplement contenté de mélodies faciles à l’écoute et de quelques répétitions bien tournées (« Doors », « Drink Me », « Into The Garden », « Finding Absolem », « Alice And Bayard’s Journey », « Alice Returns »), la déception était donc de mise dans le bistrot.

« Dommage, ta belle carcasse ne suffira pas à sauver ta chemise mon bon Tim… » Se vanta James.

Tim cacha ses regrets derrière de grandes lunettes fumées, se jurant de ne plus jamais signer avec Disney, en attendant, il avait des affaires à régler avec son compositeur… »