Motion : The Ambient Works est le denier album de Pablo Bolivar, sorti fin 2010 sur son propre label, Avant Roots. L’artiste espagnol qui œuvre dans la techno minimale, avec déjà une petite discographie remarquée sur son CV, a décidé ici de s’attaquer à la musique ambiante avec un titre qui fera penser inévitablement aux premiers travaux d’APHEX TWIN.

Parmi tout ce qui sort dans ce domaine, Motion fait figure d’album particulièrement très sympathique. Soyons toutefois d’emblée honnête : Motion ne révolutionnera pas le genre, l’ambient étant un domaine particulièrement attractif pour les jeunes compositeurs, mais évidemment saturé, et dans lequel tout le monde pense pouvoir apporter sa contribution (mais au final c’est rarement le cas il faut bien l’avouer). Le tort –probablement souvent partagé- est peut-être de croire qu’il s’agit d’une musique facile à réaliser. Or c’est justement le contraire, si l’on veut sortir du lot bien entendu… mais Motion possède justement ce petit quelque chose de plus que beaucoup d’autres travaux n’ont pas.

« Mechanical Age » qui ouvre l’album fera inévitablement penser aux travaux de Robert Henke (Monolake / Robert Henke) sur son superbe Layering Buddha. Surtout dans la recherche sonore (ressemblant à des superpositions parfaites de boucles possédant chacune un grain différent) et les montées de nappes et vagues synthétiques qui prennent de l’ampleur et gagnent en tension à la manière d’une BO de film. Toutefois, les ambiances lorgneront ensuite plutôt du côté de celles de l’italien prolixe OOPHOI.

La tension sous-jacente va rapidement disparaître, laissant place à des climats plus lumineux ou une pénombre bourdonnante transpercée de nombreux éclats cristallins (« Try To Touch », « Is It the Last Call ? »). La montée du brouillard sur cette montagne enneigée semble parfaitement être représentative de la lenteur avec laquelle ces atmosphères vont gagner l’auditeur. Car les nuages glacés ne sont pas immobiles, ils montent peu à peu dans le ciel et enveloppent le décor et gagnent l’auditeur avec une lenteur et douceur confortables, laissant parfois passer un rayon de soleil qui éclairera les flancs neigeux, visibles au loin, mais aussitôt éclipsés par quelques volutes rebelles.

« Recuerdos de Otra Edad » privilégie des humeurs un peu plus spatiales avec une petite touche d’expérimentation 70’s, alors que « North Bay » avec ses nappes intermittentes, ses effets d’échos et de résonances, à la frontière de l’ambient et de la techno minimale, va rechercher son inspiration nettement (surtout dans sa seconde moitié) du côté de BASIC CHANNEL, de MONOLAKE, et plus globalement du mouvement dub techno. « Just Perfect Landscapes » est également l’exemple même de la composition ambiante, aquatique et apaisante, qui vire progressivement techno minimale (et dubby), et il est évident que ce Motion devrait plaire aux amateurs de dub techno.

On saluera ces travaux de Pablo Bolivar, lequel nous concocte là un album qui n’est pas particulièrement innovant dans le genre, mais qui a l’avantage d’être largement enthousiasmant, parfaitement immersif, serein et calme, et qui met parfois une pointe du pied dans la techno minimale et dubby. Une très belle réalisation, soignée et captivante.

Recommandé !

Note réelle : 3.75/5.