Depuis la sortie de Shaun of the Dead (2003, eh oui, déjà !) je suis assidûment la carrière d’I MONSTER, qui avait fait une apparition remarqué sur la B.O. du film. J’ai patienté pendant six ans, pour enfin voir atterrir le successeur de Neveroddoreven dans le bac des disquaires… et je n’ai pas été déçu : A Dense Swarm of Ancient Stars est sans doute l’un des meilleurs albums de 2009. Après cela, je me suis dit, me voilà tranquille jusqu’en 2015, pas besoin de vérifier fébrilement le site internet du groupe toutes les semaines pour capter la rumeur d’un improbable troisième album. Grossière erreur. Fourbe parmi les fourbes, le duo de Sheffield s’est mué en trio (bonjour Kevin PEARCE !), a changé de nom (bonjour SKYWATCHERS !) et ouvert un compte aux îles Caïman, tout ça pour que personne n’achète leur dernier album : The Skywatchers Handbook.

A l’occasion de ce nouveau projet, Jarrod GOSLING et Dean HONER se sont donc adjoints les services du chanteur et guitariste Kevin PEARCE. La présence de ce troisième larron est loin d’être anecdotique : la musique des SKYWATCHERS prend d’emblée une dimension plus acoustique, avec une guitare sèche omniprésente, tandis que le chant est rarement modifié par l’électronique. Délaissant de plus en plus les rythmes effrénés de l’électro, I MONSTER lorgne vers la folk, témoins les nombreuses ballades présentes sur l’album.

GOSLING et HONER s’éloignent de plus en plus de la musique de pub des débuts et en viennent presque à nager à contre-courant. The Skywatchers Handbook est un album résolument contemplatif et triste, parfois niais peut-être, mais toujours sincère. Les mélodies sont ciselées et reposent principalement sur la performance des chanteurs. On pense à quelques grands noms de la pop récente comme Michael STIPE ou Damon ALBARN pour le côté barde désabusé.

Porteurs d’un message autant poétique que sympathique (« mais levez les yeux ! »), les SKYWATCHERS construisent rêve à rêve un monde onirique où l’espace joue son rôle de grand hypnotiseur. Hormis « The Curious Village », tous les titres de l’album méritent que l’on s’y attarde. « Dead Flowers », « Serves me Right » et « Keep Watching the Sky » en particulier exercent un pouvoir de fascination qui résiste aux écoutes répétées.

SKYWATCHERS est bien plus qu’un projet parallèle. GOSLING et HONER, dans la continuité d’I MONSTER, continuent d’explorer le vaste territoire de la pop, et, en bons naturalistes, ont l’art de rendre accessibles leur découvertes les plus excitantes. Le second album, prévu dès 2011, s’annonce plus qu’intéressant…