Dire que l'on croyait l'époque des groupes préfabriqués révolue, bien enfouie sous les quantités astronomiques d'étrons ainsi créés par ces rassemblements malheureux d'êtres humains dont la principale qualité était la capacité à parvenir à bouger ses lèvres en suivant un play-back conçu pour ratisser large. Que nenni ! Dans le domaine du celtique aussi l'argent semble être doté d'une odeur attirante, et les producteurs motivés par le revival certain que connaît le genre depuis maintenant une dizaine d'années. Tout d'abord, ce furent les Celtic Woman, ensemble vocal intégralement féminin monté de toutes pièces en 2004 par deux producteurs irlandais (David Donwes -connu pour avoir œuvré sur les spectacles du Riverdance- et Sharon Browne) afin de satisfaire un marché américain demandeur et friand de musique et culture celtique. Mais une culture celtique quelque peu tronquée, et faussée. Un peu comme les films Disney prennent nombre de libertés pour adoucir l'histoire, les Celtic Woman édulcorent la musique celtique, la présentant sous son jour le plus féérique et enchanteur. Quelques jolis minois chantant des airs doucereux et tendres font toujours plaisir à belle-maman à Noël... Folklorique, au sens le moins noble du terme...

Forts de ce premier succès, les deux producteurs remettent le couvert en 2008 en créant un nouvel ensemble vocal, intégralement masculin cette fois. Nommé The HIGH KINGS et composé de quatre chanteurs d'origine irlandaise, ce pseudo-groupe suit la même logique que sa contrepartie féminine : reprendre des morceaux intemporels, issus de la tradition celtique, et les enrober d'une généreuse couche de miel afin de les présenter à un marché américain accueillant. Ballades et protest-songs côtoient donc chansons à boire sur ce deuxième album formaté pour devenir un succès commercial. Certes, il convient d'admettre que les chanteurs font preuve de qualités vocales indéniables, et proposent de nombreuses harmonies loin d'être désagréables. Tant et si bien que l'on se laisse prendre au jeu, à se laisser envahir par cette débauche de sentiments faciles et factices plus qu'à son tour.

Malgré tout, qui connaît un peu le patrimoine musical celtique ne tardera pas à souffrir de nausée. Alors que nombres de groupes ont à cœur de promouvoir ces anciennes mélodies connues de tous, peu l'on fait de manière aussi plate et consensuelle que les HIGH KINGS. Lorsque l'ensemble évoque la famine d'Irlande avec « Fields of Athenry », il le fait de manière détachée et peu concernée, obnubilé semble-t-il par la cohésion des voix plus que par la teneur des textes... Ce reproche est valable pour l'ensemble de l'album, et se veut rédhibitoire. Si les novices (et les fans de Take That) pourront y trouver leur compte, les férus de musique celtique crieront à raison au sacrilège. The HIGH KINGS nivelle ce patrimoine par le bas, le vide de sa substance et le pare d'artifices ridicules pour le présenter à un public à la recherche de mélodies sympathiques, sans pour cela avoir besoin de s'occuper du sens des morceaux...

Ainsi, cette chronique sera aussi courte que l'intérêt qu'a à nos yeux ce groupe factice et nauséabond. La musique n'a pas besoin de ces charlatans, vendeurs d'émotions à deux balles, qui font jouer leurs cordes vocales comme des travailleurs vont à l'usine. The HIGH KINGS est véritablement le niveau zéro de la musique celtique. Même votre belle-mère vaut mieux que cela...