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DUB / DUB TECHNO  |  COMPILATION

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COMPILATIONS

2001 Rhythm & Sound
 

- Style : Monolake, Echospace, Onmutu Mechanicks, Martin Schulte
- Membre : Moritz Von Oswald

RHYTHM & SOUND - Rhythm & Sound (2001)
Par STREETCLEANER le 10 Juillet 2011          Consultée 3180 fois

Au début des années 90, deux berlinois, Mark Ernestus et Moritz Von Oswald, forment le célèbre groupe BASIC CHANNEL, lequel est devenu une référence historique incontournable de la techno minimale malgré une production peu abondante sous ce nom durant les années 1993 et 1994. Evidemment inspirés par les lumières de la scène américaine de Detroit, les deux Allemands vont contribuer fortement à façonner un nouveau visage à la techno, lui faisant gagner les terres du minimalisme (souvent radical ou extrême) et de l’ambient. Parallèlement, ils vont travailler à développer les liens d’amitié entre la techno et le dub, et BASIC CHANNEL, rapidement épaulé par d’autres grands noms du genre - à l’instar de MONOLAKE, deviendra aussi de ce fait l’un des principaux fers de lance de cette nouvelle tour techno berlinoise qui, comme celle de Detroit, rayonne fortement dans le monde de la musique électronique. Ainsi, de nos jours, plus personne n’est surpris lorsque la techno ambiante, la techno minimale, et la dub techno se rejoignent, s’entremêlent et se confondent.

Toutefois, c’est sous un autre nom, celui de RHYTHM & SOUND, qu’Ernestus et Von Oswald vont véritablement marquer leur envie de revenir aux racines de ce qu’ils aiment par-dessous tout : le dub et le reggae. Ainsi, dès 1996, commence le début d’une longue série de singles et d’EPs qui seront regroupés au sein de diverses compilations (à l’instar de celle-ci rassemblant des compositions remontant à la période 1998-2001). On peut dire, pour simplifier, que RHYTHM & SOUND n’est donc rien d’autre que BASIC CHANNEL déployé en configuration essentiellement dub et reggae.

Le dub (1) se caractérise principalement par l’utilisation des motifs rythmiques caractéristiques du reggae, paisiblement et lourdement chaloupés, l’absence de chant, et bien entendu l’utilisation plus ou moins poussée du delay (ou écho) qui s’inspire notamment de celui que l’on trouve assez souvent dans les skanks du reggae (mais le delay est évidemment moins développé dans le reggae). D’ailleurs, il existe certains morceaux de reggae qui utilisent le delay ou la réverbération comme on peut le faire dans le dub, on pensera par exemple aux effets que l’on peut retrouver vers la fin du morceau « Exodus » de Bob MARLEY (en 1977 déjà, et pour citer un titre très connu).

Plusieurs catégories de travaux se côtoient sur cette compilation. Si « No Partial » ou « Mango Drive » sont des morceaux classiques de dub, auxquels il manque simplement le chant pour se métamorphoser en chanson de reggae, les minimalistes et excellents « Trace » et « Distance » démontrent que RHYTHM & SOUND reste encore BASIC CHANNEL sur cette compilation. Ces titres auraient en effet pu très bien figurer sur un album de dub techno. Et avec leur souffle granuleux (comme sur le long « Imprint », ou « Smile »), leurs rythmes repoussés en arrière-plan ou leur volonté ambiante, ils justifient parfaitement –entre autres éléments- le rapprochement souvent fait entre Rod MODELL/ECHOSPACE et BASIC CHANNEL/RHYTHM & SOUND. En tout cas, le caractère précurseur du groupe allemand est évident, celui-ci étant à l’origine d’une bonne partie des codes établis dans la dub techno.

Alors que MONOLAKE explorera des atmosphères naturelles, spatiales, dark ou nocturnes, le field recording, le drone, côtoiera l’IDM et restera fondamentalement techno, BASIC CHANNEL/RHYTHM & SOUND privilégie un minimalisme encore plus radical et s’enfonce dans le travail sur le delay et la réverbération issus des skanks. Par exemple, « Mango Drive » est particulièrement intéressant dans le sens où il nous démontre clairement que le delay mute en un instrument à part entière (2). Il s’agit finalement de deux approches différentes et parallèles de la dub techno. En fait, plus simplement un positionnement différent des curseurs entre techno et dub, et entre techno et minimal. De nombreux groupes ou artistes viendront ensuite faire des synthèses de tous ces éléments, mettant en avant tantôt tel élément, tantôt tel autre.

On évoquait précédemment le travail sur le delay et de nombreux morceaux en sont ici de bons exemples. « Mango Drive » bien sûr, mais aussi les compositions de la seconde moitié du disque qui s’avèrent être particulièrement succulentes, et notamment les très ambiantes « Roll Off », « Carrier », et « Range » qui nous immergent dans des environnements vides dans lesquels les sons rebondissent contre des parois imaginaires. Parfois, les échos explosent pour s’éloigner dans l’espace comme des fusées de feux d'artifice, un peu comme si une énergie contenue un peu trop longtemps n’en pouvait plus d’attendre et devait se libérer en faisant sauter la soupape de sécurité. Et généralement les beats ne sont constitués que d’une ossature d’échos et de résonances (« Outward », « Roll Off »).

La techno de BASIC CHANNEL/RHYTHM & SOUND est tellement minimaliste qu’elle peut paraître insignifiante au premier abord, et elle risque de dérouter la plupart des auditeurs, y compris ceux habitués aux musiques électroniques. Toutefois, je préfère avertir les lecteurs : la dub techno, tout comme le reggae, est une musique qui peut se transformer en une véritable addiction si elle s’empare de l’auditeur. Peut-être que la dub techno est même LA musique électronique qui possède en elle tous les ingrédients les plus évidents pour se transformer en une véritable drogue. Et puis n’oublions pas qu’elle traîne souvent derrière elle les vapeurs superbement enfumées de la ganja…

Note réelle : 4.5/5.

(Historiquement) indispensable !

(1) il s’agit à l’origine d’un simple remixage de chansons reggae, ce qui explique pourquoi on trouve généralement deux versions d’un titre sur un single du genre : la chanson sur la face A et le remix sur la face B. A la place de la voix on trouve régulièrement des effets d’échos en remplacement.
(2) on peut considérer le delay comme un instrument à part entière, à l’instar de la voix, puisqu’il se substitue d’une certaine manière à celle-ci.

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- Mark Ernestus
- Moritz Von Oswald


1. No Partial
2. Trace
3. Mango Drive
4. Distance
5. Smile (feat. Savage Rose)
6. Outward
7. Roll Off
8. Carrier
9. Range
10. Imprint



             



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