L’Est c’est le gris. Il est facile ton cliché monsieur. Mais quand c’est un Messin qui alimente l’anti-fantasme que représente l’est de la France, on a le droit. Les rares zigotos qui auraient déjà posé une oreille sur DEATH TO PIGS, AH KRAKEN, et bien d’autres déglingos tels que THE ANALS comprendront. Aujourd’hui, HALLUX VALGUS… On voudrait croire en l’existence d’une nouvelle position sexuelle. Mais non, l’hallux valgus n’est pas la 70ème position du kamasutra, la 69ème n’étant elle-même pas une position, puisqu’elle sert seulement à nettoyer les outils. L’hallux valgus est tout simplement une malformation de l’orteil.

Sur ce, rentrons dans le vif du sujet en essayant d’oublier pour toujours le paragraphe précédent. HALLUX VALGUS est un duo guitare/batterie. Mais le groupe ne joue pas vraiment du math rock, comme il est souvent d’usage dans cette configuration. Tout simplement car Pi et Franck Gaffer nous font grâce de structures alambiquées à la DON CABALLERO. Avec ce disque, vous l’aurez votre migraine, mais pas à cause de la complexité, HV jouant la carte de l’efficacité du punk à deux riffs par morceau.

Et cette migraine ne vous quittera plus car en 2010, il y a encore des groupes qui jouent de la no wave. Pas de la no wave de gentils à la Sonic Youth période 2000’s, de la no wave avec une guitare qui crisse façon perceuse. Checkez donc ce riff jouissif en fin de « My Own Pet », ou encore les breaks de « Licking Issue » (tout un programme…). La batterie, sèche comme un topinambour déshydraté, n’ajoutera elle non plus pas une seule touche de rondeur à l’ensemble.

Les morceaux sont courts voire encore plus. Tout est froid et a goût de fer rouillé sur ce neuf titres édité uniquement en vinyle noir gravé sur une seule face. La face A, espère-t-on, ne serait-ce que pour ne pas perdre les derniers appuis dans ce monde qui manque tant de repères. Oui, le duo fait grincer les dents et pourtant, pour peu qu’on soit habitué à un tel traitement sonore, le bruit n’est jamais utilisé en tant que matière seule. Toutes les mélodies sont parfaitement distinctes, magie de la production. Magie, aussi bien sûr, d’un des guitaristes les plus talentueux et prolifiques de la musique indépendante : un certain Pavel*. Non content de ça, il dirige le label Down Boy Records, lequel participe à 33% à ce disque. Le batteur Franck Gaffer**, lui aussi jouant dans un nombre incalculable de groupes, a fait intervenir son label Gaffer Records à part égale. « Maquillage et crustacés » complète le trio des labels impliqués. Et nous gratifie d’un jeu de mots improbable.

Achetez une platine, faites le deuil du early Sonic Youth, écoutez « Gale = Paranoia + Psychose + Frustration », jouissez.

* joue dans DEATH TO PIGS, MONOSOURCIL, ou encore LA RACE…
** guitariste de SOCRATES, NEIGE MORTE, mais tient aussi la batterie pour KANDINSKY. Non content de ça, il joue guitare et batterie chez LOUP…