Dennis COFFEY est un nom qui évoque une époque lointaine où Motown régnait sans partage sur la ville de Detroit. Il a été pendant de nombreuses années le guitariste du groupe The Funk Brothers qui avait pour mission exclusive d’accompagner les vedettes du label. En plus d’être un brillant sideman, Dennis COFFEY s’est lancé dans une carrière solo. Très actif dans les années soixante-dix, il a ensuite doucement décliné, ses albums étant pour la plupart oubliés de nos jours. Plus de deux décennies après son dernier disque, Dennis COFFEY revient de manière inattendue avec un album de soul et de funk teinté de rock psyché. Et croyez-moi, ce disque est une sacrée surprise !

Dennis COFFEY nous régale avec onze morceaux sur-vitaminés. Constitué à la fois de reprises et de compositions originales de grand cru, cet album est un voyage dans le temps et dans l’espace. Si les morceaux originaux évoquent des galaxies lointaines, les reprises de Parliament et Wilson Pickett permettent de se replonger dans un bain de culture très années soixante-dix.

Dennis COFFEY est un guitariste et arrangeur de grand talent. L’orchestre de cuivre, l’orgue, les chœurs, la section rythmique puissante font tout le sel de ce disque. D’emblée, la guitare acérée de Dennis nous envoie tout droit au septième ciel sur l’étonnant et moderne « 7th Galaxy ». Cet instrumental assez particulier avec ses percussions tribales, son riff sidéral et son rythme funky introduit l’album de la plus électrique des manières.

Les compositions de Dennis COFFEY sont toutes très variées et savamment construites. Entre la fournaise de « Miss Millie », le groove planant de « Plutonius », les chœurs époustouflants de « Knockabout », la soul-rock de « Space Traveller », on en voit de toutes les couleurs. Dennis COFFEY a le pied appuyé à fond sur la pédale wah-wah et n’hésite pas à injecter une bonne dose de sonorités psyché comme au bon vieux temps des Temptations.

Dennis COFFEY s’est entouré d’excellents chanteurs et chanteuses dont la variété des timbres donne beaucoup de chaleur et de piquant à cet album. La voix explosive de Fanny franklin insuffle une énergie brûlante dans la reprise de « Don’t Knock My Love ». La deuxième partie de la composition de Wilson Pickett qui clôt le disque en beauté surprend par ses influences jazz-funk à la Miles Davis. En revanche, l’interprétation d’ « All Your Goodies Are Gone » reste assez conventionnelle par rapport à la version envoutante des Parliament. On a tendance à préférer l’atmosphère plus travaillée d’ « I Bet You », le rock psyché d’ « Only good For Conversation » ou tout simplement la soul franche très sixties de « Somebody’s Been Sleeping ».

Etonnant, vivifiant, énergique, tels sont les adjectifs qui peuvent qualifier le nouvel opus de Dennis COFFEY. Ce disque d’une grande classe permet de redécouvrir un artiste aussi rare que précieux. Espérons que cet album donne un second souffle à la carrière du guitariste septuagénaire qui a encore de belles choses à nous faire partager.