La vie est une succession d’opportunités. Les Allmann Brothers, légendaire combo de Spartanburg Georgie, ont vu défiler dans leurs rangs des icones de la six cordes, à commencer par le « free bird » Duane Roland, parti si vite, puis Dickey Betts, resté si longtemps. C’est ce dernier qui a découvert Warren, l’a imposé au sein des Allman, avec le résultat que l’on connaît, Warren et Derek Trucks formant aujourd’hui une des plus phénoménales paires de désesperado du six coups du rock. Sa réputation faite, chanteur, soliste compositeur des Allman, Warren monte ensuite Govt Mule, un des emblématiques combos du southern rock d’aujourd’hui. Et ah ouais, il est aussi le guitariste actuel du Grateful Dead, voilà qui calmera tout ceux qui ne connaissaient pas encore le personnage. Cependant, malgré ses activités multiples, notre virtuose trouve encore le moyen de composer de la zique sous son patronyme.

Vous ne serez pas surpris. Vous vous attendiez à des titres rock souly, bourrés d’ambiances smooth, avec des nappes de Hammond -y a pas Gregg tiens ? - bah c’est ça ! Et puis lâchez votre gratte, le mec est un rien énervant guitare en main… Souvent simple, jamais démonstratif, toujours brillant, juste excellent.
Nous sommes ici pour découvrir son deuxième album solo, exercice auquel il s’adonne peu souvent. C’est donc avec ravissement que cette mignonne rondelle rouge investit ma platine.

Le skeud s’ouvre sur un titre symbolique du style de notre homme « Man in Motion » à la fois smooth et bluesy, et ces quelques expérimentations jazzy. Un chant un brin rocailleux, une guitare au son entier, très joli, sans effets gargantuesques, une petite wah wah, une distorsion à peine audible, mais un toucher magique comme il en existe peu. Une recette magique qui fonctionne. Je lui reprocherais quant à moi une tendance un peu « molle », j’ai toujours préféré la version de « Dreams » classique du southern rock par Molly Hatchet, la version des Allman, trop cool, m’endort, c’est ici le même problème.

Tous les titres présents sont au-dessus des 5 minutes prouvant s’il en était besoin la volubilité du personnage. Finalement, j’y retrouve même un esprit à la Chris Rea sur « River’s gonna rise », titre accessible et mainstream. « Everyday is a Holiday » est un message sympa. « Sick of my shadow », dans un registre toujours aussi smooth, possède un joli refrain tout comme « On a real lonely night » .
« Your wildest dream » est un slow, très très slow, où l’orgue Hammond se taille une jolie part de lion, avec un surprenant solo de sax. Mes titres préférés sont « Hattiesburg hustle » et le slow « A friend to you », ainsi que la jolie rythmique sur « Take a bullet ». Une petite mention spéciale pour le superbe slow clôturant l’opus « Save me »

Bref, tous les titres sont dans la même veine . Glorification des rythmes smooth dans un esprit bluesy, une combinaison qui plaira aux amateurs d’une musique populaire juste et équilibrée. Je lui reprocherais donc juste un manque de punch, même si j’en goûte la classe.