Surtout ne pas se fier à la première écoute du troisième album solo de Warren Haynes ! En effet, on ne reconnaît pas vraiment la musique qu’il propose habituellement avec l’ALLMAN BROTHERS BAND ou GOV’T Mule , ou celle de son dernier opus solo Man in Action sorti en 2011.

La première impression (assez désagréable soyons honnête) estompée, il faut laisser mijoter quelque temps puis aborder l’album sans préjugés. Les deux premiers morceaux « Is It Me or You » et « Coal Tattoo » donnent une importance prépondérante au… fiddle, car Warren a enregistré avec Railroad Earth, un groupe de blues grass/folk de Stillwater (New Jersey) qui a déjà sorti sept CD mais qui m’était complètement inconnu. La surprise passée, on remarque que le son des deux instruments se mélange superbement.

Warren explique qu’il a écrit la plupart des titres depuis vingt ou trente ans, mais qu’il ne les a jamais utilisés, la musique ne cadrant pas (effectivement) avec ses différentes formations. Le violon est donc encore présent sur d’autres morceaux (« Company Man », « New Year’s Eve « Stranded in Self-Pity ») et ce qui semble incongru à l’origine se révèle une bonne idée au final. Et pourtant, j’ai toujours considéré que ce genre de musique devait surtout être écoutée en live, si possible au bord de la Liffey à Dublin avec quelques pintes de Guinness (à température pour moi SVP).

Mais le talent de Warren permet de dépasser cela, d’autant qu’ici, il utilise, avec bonheur, énormément la guitare acoustique et la slide, « Glory Road » étant la parfaite illustration de ses talents acoustiques. Si au départ, l’ambiance « irlandaise » domine, après plusieurs écoutes, on s’aperçoit que l’ensemble contient des tas de pépites qui se laissent déflorer en douceur. Comme « Gold Dust Woman », le seul duo avec la sublime Grace Potter (petit message personnel, Grace tu viens bientôt en Europe ?) rempli de délicatesse. Autre moment intense, « Wanderlust » avec Shawn Colvin et l’harmonica de Mickey Raphael.

Seuls clins d’œil au « glorieux passé », la présence d’Oteil Burbridge à la basse et du percussionniste Marc Quinones (tous deux de l’ABB) qui jouent sur « Spots Of Time », morceau coécrit par Warren et Phil Lesh (bassiste du GRATEFUL DEAD) qui mélange l’esprit et le son des deux groupes, avec bonheur. Dans les bonus, outre quatre démos des titres de l’album, figure « Hallelujah Boulevard » une petite perle enregistrée en live le 28 décembre 2006, où Warren et sa guitare acoustique font passer une énorme émotion.

Pas sûr que les amateurs purs et durs du southern rock apprécieront les envolées de fiddle. Dommage, car cet album, qu’il faut découvrir petit à petit, contient des merveilles cachées.