Après 5 ans de projets, de difficultés, de tournées, et donc d'absence dans les bacs, les parisiens de Fundé reviennent en force pour leur deuxième album, paru au printemps 2011 pour le bonheur de la scène reggae française. L'opus (auto-produit soit dit en passant) s'appelle « Hymne à la vie », un titre qui célèbre, comme le dit Yohann (chant et basse) dans une interview vidéo pour reggae.fr, l'éclaircie qui fait suite au passage d'ombre traversé par le groupe ces derniers temps, éclaircie également illustrée en couverture de l'album.

On retrouve pleinement le style du groupe, un style très roots, influencé par le reggae jamaïcain des années 70-80, influences Marley, Les Glads, les Congos … Le groupe produit un son profond et inspiré, comme on en entend si peu dans l'hexagone, avec des textes en français (assez rare pour le noter), exceptions faites pour trois tracks en anglais à fort accent froggy. On retrouve vraiment la vibe propre à Fundé, qu'on connaissait depuis « Présence », leur précédent et premier album studio. Un son épuré, ponctué de breaks intelligents et originaux, des chœurs bien travaillés et la voix lead de Yohann qui entonne des textes vrais, qui parlent de la vie, des questions que chaque être humain se pose s'il écoute son cœur sans se laisser corrompre par la pudeur des sentiments exigée par une société occidentale dénoncée dans les textes. Bref, un esprit avant tout très peace.

« La peur du lendemain », morceau qu'on connaît déjà puisqu'il était depuis un bout de temps en écoute sur internet, et qui est plus qu'une piste de l'album mais un projet d'envergure mené par le groupe et l'orchestre philharmonique du Val de Seine, et qui a nécessité près de deux ans de travail. C'est donc une composition sur laquelle pourrait être rédigée une chronique à part entière. Le morceau bouleverse le style, c'est incontestable, mais à l'écoute on reste un peu sur sa faim. Le sens est là, la technique est là également, l'enregistrement et la prod sont de qualité, mais... La puissance du riddim et des paroles des premières secondes se perd rapidement dans un morceau peut-être trop complexe pour être compris, trop travaillé et retravaillé pour garder la magie et la limpidité de l'idée originale ? Je vous laisse vous faire votre opinion à l'écoute, mais en tout cas le mélange est vraiment intéressant en soi, et d'excellents passages sont à retenir

Le reste de l'album est hétérogène, les morceaux bien construits, chacun d'entre eux présentant une réelle personnalité, et incontestablement un groove de dingue, même si on remarque quelques faux-pas dans certaines réalisations (une ou deux fins en queue de poisson, une intro un peu légère sur « Hymne à la vie » par exemple, …).

On retient volontiers la puissance de « Accepter ? » dès le début de l'album qui annonce la couleur, la qualité du dub final « dualité dub » plutôt bien foutu, « Dust and Ashes » le nyabinghi acoustique bienvenue pour s'évader et apprécier les chœurs en tout simplicité, les Fundés seraient-ils allés faire un stage inna de Yard ? « Le poids des mots » également, avec sa grosse pompe aux claviers, la ligne guitare acoustique, est véritablement un morceau que l'on se plaît à réécouter, avec ses reprises, et la montée finale un peu rock aux cuivres et claviers, vraiment sympa !

On salue donc le retour de Fundé et la sortie de ce nouvel opus, profond, engagé et spirituel, pourvu que ça dure et que le groupe nous offre de nombreux prochains albums aussi bien fournis, variés et bien réalisés que celui-ci.