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Sergueï PROKOFIEV - Concertos Pour Piano (2009)
Par GEGERS le 18 Avril 2012          Consultée 2911 fois

Concertos pour piano

Sergeï PROKOFIEV fait partie de ces quelques compositeurs russes dont le profane a déjà entendu parler, ne serait-ce qu'en regardant furtivement Questions pour un Champion un dimanche après-midi pluvieux. Toujours est-il que même lorsque l'on y connaît strictement rien en musique classique, le nom de PROKOFIEV évoque, au même titre que celui de Tchaïkovski ou Rachmaninov, le passage d'un Empire russe en proie au doute à une Union Soviétique conquérante, en dépit des instabilités politiques et militaires liées à l'époque. Pour PROKOFIEV l'époque c'est le tout début du 20ème siècle, le bonhomme ayant fait son entrée au conservatoire de St Petersburg en 1904 à l'âge de 13 ans à peine. Sans doute à l'époque le natif de Sontsovka (aujourd'hui Krasne en Ukraine) n'était-il pas considéré comme précoce. Toujours est-il qu'à 22 ans, le jeune homme sort du conservatoire titulaire de la plus haute distinction, le prix Anton Rubinstein, qui lui fut remis pour ses extraordinaires qualités de pianiste et de compositeur. La composition qui lui permit d'accéder à cette reconnaissance par ses professeurs est le Concerto pour Piano N°1 dont il est question ici. Œuvre de courte durée (15 minutes) composée de trois mouvements, ce premier concerto est en vérité capable de convertir n'importe quel béotien à la musique classique. Naturellement consacré à ce noble instrument qu'est le piano, ce concerto développe une énergie ardente qui balaye tout dans son sillage. Axé sur un thème grandiloquent et persistant, répété lors du premier et troisième mouvement, ce concerto vif et rapide est entrecoupé d'un deuxième mouvement plus calme servant de prétexte à une montée en puissance de l'orchestre lorsque tous les instruments qui le composent résonnent comme s'ils ne faisaient qu'un. Accessible et délicieusement envoutant, ce Concerto pour piano N°1 ne peut laisser indifférent au talent du compositeur russe.

Le Concerto N°2 est pour sa part bien plus complexe. Composé de quatre mouvements de durée inégale, il frappe tout d'abord par ses ambiances sombres et sa noirceur. Et alors que le piano s'envole dans de grandes cavalcades techniques, l'orchestre revient rapidement appesantir l'ensemble, tout du moins sur le premier mouvement, ainsi que sur le quatrième, dont les ambiances sombres et inquiétantes évoquent des paysages désolés et martyrisés par le déchaînement des éléments. « Scherzo Vivace », le deuxième mouvement, offre pour sa part une respiration bienvenue dans l'ensemble, se faisant toujours sombre mais donnant une impression d'action, de bataille et de course-poursuite dans des sous-bois peuplés d'êtres fort peu recommandables. Bien que composé à la même époque que le N°1, ce concerto se révèle bien plus difficile à appréhender, mais de nombreux passages (notamment lors du dernier mouvement) permettent de s'imprégner et de se délecter des ambiances distillées par le compositeur.

Le troisième Concerto pour Piano de PROKOFIEV est aussi celui qui rencontra le plus grand succès. Marqué par une grande vitalité, cette pièce composée au début des années 1920 est également celle qui témoigne de la plus grande constance. Développant de nombreuses cassures de rythmes et dissonances (notamment dans le mouvement « Thèmes et variations »), ce Concerto N°3 est vindicatif et sûr de lui, les variations d'humeurs et d'ambiances se faisant de manière bien plus subtile et progressive que sur le concerto précédent. Les trois mouvements se complètent de fort belle manière, et si l'on se prend à regretter ne pas retrouver la fougue qui faisait la beauté du premier concerto, l'on ne peut qu'apprécier la constance de cette pièce « à tiroirs », qui voit chaque nouvelle écoute permettre à l'auditeur de découvrir de nouveaux trésors cachés.

Est-ce parce qu'il fut composé uniquement pour la main gauche (sur demande du pianiste manchot Paul Wittgenstein) que ce Concerto pour Piano N°4 sonne de manière si étrange ? Toujours est-il que sa compréhension reste pour votre serviteur un mystère, et ce même après de nombreuses écoutes. Composé de quatre mouvements, ce concerto débute sous un déluge de notes dont on peine à saisir l'essence et le but. On parvient finalement à y discerner un thème, à la fois vif et dérangeant, qui sera repris lors du quatrième mouvement. Lent, mélancolique et solennel, le deuxième mouvement constitue la pièce maîtresse de ce concerto qui ne parvient qu'en de rares instants à convaincre. Tout juste retiendra-t-on les ambiances romantiques et joyeuses du troisième mouvement, qui offre les meilleurs moments de l'ensemble.

Le cinquième et dernier concerto de PROKOFIEV (un sixième ne sera jamais achevé), composé en 1932, marque un certain retour à la grandeur héroïque du premier. Moins riche en orchestrations il offre néanmoins, notamment à l'écoute du premier mouvement « Allegro con brio » cette même atmosphère grandiloquente et fanfaronnante qui fait mouche. Et alors que les deux mouvements centraux se font plus complexes et pointus, montrant un piano déstructuré et une succession de notes dont le sens peu sembler opaque pour les néophytes, le concerto s'achève sur un « Vivo » belliqueux et flamboyant, le tout dans une délectable débauche d'énergie.

Ces cinq concertos de PROKOFIEV, vu de l'œil du néophyte, constituent donc une porte d'entrée plus ou moins complexe dans l'univers d'un compositeur qui a à son actif plus de cent œuvres. Ils témoignent néanmoins de l'immense talent d'un homme unanimement reconnu aujourd'hui (très probablement à juste titre) comme un des artistes majeurs de la musique du 20ème siècle.

Visions fugitives

Ces visions fugitives de PROKOFIEV consistent, comme leur nom l'indique, en une succession de pièces de courte durée interprétées uniquement au piano. Composées durant la guerre de 1915-17, cette suite de 20 morceaux ne laisse en rien présager à son écoute du chaos qui règne alors en Russie et offre aux profanes une entrée double dans l'univers du compositeur, opposant espièglerie et légèreté à calme et lourdeur. C'est d'ailleurs sur une pièce lente (« Lentamente ») que débute ces visions qui font honneur une nouvelle fois à leur titre en permettant à l'auditeur de se projeter visuellement dans l'univers généré par cette succession de notes. « Andante », tout comme la pièce précédente, nous évoque une vision hivernale de la campagne moscovite, dans laquelle quelques ombres discrètes viennent à peine déranger le murmure du vent dans les banches. Cette absence d'instruments (le piano étant seul maître à bord) n'empêche en rien la création d'ambiances qui se font variées. Plus intrépides et légères, les pièces n° 3 à 5 œuvrent dans un registre musicalement grave mais inspirant des ambiances plus heureuses, au contraire de la n°7, bien plus mélancolique, qui évoque de tristes adieux sur un port sibérien... Jouant ainsi avec les émotions et les sentiments, PROKOFIEV tend vers le tragicomique en n'offrant aucune cohérence à ses compositions. Le tragique et le comique se confondent pour ne faire qu'un, comme sur les pièces 10 à 12 qui successivement joyeuses (« Ridicolosamente » pourrait servir d'illustration sonore à un Chaplin) et désespérément tristes (« Allegretto ») rendent l'ensemble assez opaque pour les non-initiés, qui peinent à saisir le but de tout cela.

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