Marrant comme depuis 15 ans, NICKELBACK truste la première place de la liste de ces groupes que l'on adore détester. Depuis 1995, les frères Kroeger n'ont pas chômé (7 albums parus tout de même), mais ont reçu majoritairement des critiques négatives, critiques formulées à l'encontre de la musique de leur groupe canadien, taxé aux choix d'ersatz post-grunge ou de rock de bas étages. NICKELBACK, vilain petit canard ? Bien loin de là, car votre copine, tout comme environ 50 millions d'amateurs à travers le monde, reste fidèle coûte que coûte au combo et continue de fredonner « How you remind me » sous la douche. Et puis, la sortie de ce Here and Now est l'occasion pour les Canadiens de sortir un peu de leurs sentiers ultra-balisés et bouleverser leur routine. Ou pas.

Ou pas, car le groupe multi-platine poursuit son petit bonhomme de chemin sans se poser de question et visiblement sans réaliser que chacune de ses nouvelles publications est un copier/coller de la précédente, avec ce petit truc en moins qui laisse un goût amer. Dark Horse n'était déjà pas très folichon, et ce nouvel opus confirme le déclin de NICKELBACK, incapable de s'extirper de cette niche rock « burné » dans laquelle il s'est fait happer après le succès phénoménal de ses albums Silver Side Up et The Long Road.

Le groupe met pourtant toutes les chances de son côté, en dotant son nouvel album d'une production « bombastic » qui fait son petit effet sur des hauts-parleurs poussés à plein volume. Joey Moi, toujours aux manettes de l'enregistrement, parvient à conférer au groupe un son puissant sans être écrasant, qui met parfaitement en valeur le rock énergique du combo ainsi que la voix rugueuse de Chad Kroeger. Et puis, NICKELBACK, fort de ses succès passés, donne à son public exactement ce qu'il vient chercher. Des titres rock sans fioritures et des ballades formatées radio. Here and Now foisonne de ces deux catégories. La première est la plus représentée, entre l'énervé « This means war » aux allures de « Flat on the floor » (titre introductif de The Long Road), un « Bottoms up » se voulant fédérateur, ou un « Kiss it goodbye » ultra-carré et ne détonnant pas des thèmes habituels abordés par le groupe (la fête, la célébrité, le sexe). Rien de désagréable, mais un sentiment de déjà-entendu qui ne donne pas envie de pousser plus loin ses investigations.

Et pourtant, ce sont bien les pièces les plus rock qui sauvent l'album de la noyade. Car les ballades se font pour leur part d'une indigence rare. Allez, reconnaissons un petit charme à « When we stand together » single évident qui devrait booster les ventes de l'opus. Pour le reste, « Lullaby », « Trying not to love you » ou « Holding on to heaven », très typées hard FM, ne sont que de pâles resucées de réalisations précédentes, et ne parviennent pas à leur arriver ne serait-ce qu'à la cheville.

Sur Here and Now, NICKELBACK applique sa recette habituelle, la réussite des albums passés en moins. Les amateurs du groupe seront aux anges, les autres seront déçus par la ligne de conduite immuable d'un groupe sur la pente descendante depuis la deuxième moitié des années 2000. Entre les deux, reste un opus globalement musclé et superbement produit qui pourra séduire quelques curieux ne connaissant pas l'univers du groupe.