Ce n’est que fébrile qu’on pouvait attendre la suite du magistral Heavy, grosse claque de 2009. Les lectures de chroniques sur différents webzines et magazines rassuraient. Apparemment, Corps De Chasse était lui aussi de haute volée. Et même meilleur que Heavy ! Il fallait en avoir le coeur net. Un mail au talentueux label A Tant Rêver Du Roi et quelques euros (si peu) en moins, l’objet tournait sur la platine, qu’elle soit CD ou vinyle : les deux formats sont compris sous le blister !

Et décevait.

En effet, Corps De Chasse ne parvient pas à être plus qu’un excellent élève. Avouez que c’est cocasse. Reprocher à KOURGANE de n’être « que » excellent. Prenez les deux premiers titres, ils vous collent le nez par terre et on retrouve toute la personnalité de KOURGANE : brutalité enrobée de soie. Mais le voilà le problème on « retrouve ». Cette formulation en dit long. L’album fait replonger dans cette magnifique sauvagerie, ces textes puissants et abscons, ce mélange si spécifique de français et d’anglais horriblement prononcé (à dessein), ces cordes si lourdes, tendues jusqu’à la cassure, qui n’arrive jamais, d’ailleurs. Et c’était déjà le cas sur Heavy.

S’il faut trouver un changement, ce serait tout de même dans le chant, qui réalise l’exploit d’être encore plus impressionnant. L’excellent titre « Rambarde », la seule vraie claque de Corps De Chasse, offre à entendre un Frédéric Joualong-Bernadou exceptionnel dans sa diction. On aime ou on n’aime pas mais d’un point de vue purement technique, il est impossible de dire qu’il n’y a pas une grosse performance vocale. Niveau écriture, ce titre est aussi un des plus belles réussites du groupe.

Pour rajouter une couche, on observera que Corps De Chasse ne renferme que six chansons. Mais là n’est pas le problème, vraiment. Car c’est souvent les albums les plus courts qui sont les meilleurs. Le souci c’est que sur six titres, le dernier, que j’aimerais trouver génial, fatigue un peu. Ou quand, pour la première fois, la formule répétitive de KOURGANE ne fonctionne pas. Il est difficile de trouver le texte travaillé. Il reste donc cinq titres, dont « un seul » vraiment magistral (« Rambarde »), dans son exécution plus que dans sa démarche, juste jouissive, comme d’habitude.

Corps De Chasse donnerait presque l’impression qu’il s’agit d’un EP contenant des chutes de Heavy. Il ne parvient pas à emballer à 100%, même si le tout reste plus qu’agréable à l’oreille. Encensé partout (disons partout où mes yeux lisent…), Corps De Chasse donne l’impression de se dérober sans cesse.

Faire la fine bouche ou ne pas faire la fine bouche.