TIR NAN OG est, très probablement et très sérieusement, le meilleur nom que l'on puisse donner à un groupe de musique. En gaélique, ce terme signifie « Terre de l'éternelle jeunesse », et désigne une île « autre-monde » de la mythologie celtique sur laquelle le temps n'a aucune emprise, et qui permet de bénéficier d'une jeunesse, d'une beauté et d'un bonheur éternels. Quelle idée grandiose que de donner ce nom à un groupe. Car les vertus proposées par le Tir Nan Og ne sont-elles pas au fond ce que souhaitent apporter à leur public (et à eux-mêmes au passage) les artistes et groupes de musique ? Une jouissance sans fin, une jeunesse idoine, voici ce que permettent de transmettre, ne serait-ce qu'en illusion, les musiciens les plus doués et les plus inspirés. Rien que pour cette trouvaille, donc, TIR NAN OG mérite que l'on jette une oreille sur sa musique.

Groupe allemand œuvrant depuis 2002 au service d'un folk-rock celtique, se rapprochant parfois de la scène speedfolk (chère à leurs compatriotes de Fiddler's Green), le sextet propose avec Bitter Brew son deuxième opus, après un After Work passé largement inaperçu en 2010. Mêlant chant masculin et féminin, le groupe officie (comme beaucoup d'autres) dans une musique mêlant compositions originales et reprises de traditionnels écossais et irlandais. Ces derniers constituent d'ailleurs l'essentiel de l'album, et se voient interprètes de manière fidèle et respectueuse, manquant légèrement d'audace. « Bonnie ship the diamon », « Rocky road to Dublin) (avec sa flûte et son bodhran efficaces) ou encore « Queen of Argyll » séduiront, sans plus, les amateurs d'un folk celtique carré et efficace.

Ce sont les compositions originales qui tirent leur épingle du jeu et constituent véritablement, malgré leur faible nombre, l'essence et l'intérêt de ce deuxième album. Le morceau-titre, « Bitter brew », se fait du haut de ses six minutes un petit bijou folk à déguster sans modération. On pense inévitablement aux Écossais de Coast à l'écoute de cette musique à la fois moderne et tribale, donnant une place deux choix à la guitare acoustique, au violon, ainsi qu'au mariage des voix masculines et féminines. LA grande réussite de cet album. « Running », plus syncopé, se fait un morceau énergique laissant cette fois tout l'espace d'expression à Carina Lehmeier qui, à défaut d'être une grande voix, interprète avec conviction cette pièce entraînante et originale de par ses nombreuses cassures de rythme. Enfin, la ballade « Golden paths », tendre et inspirée, offre une sympathique respiration dans un album globalement enjoué. Évoquant un groupe comme Fresch, ce morceau se fait un véritable petit bonheur qui, s'il n'est pas éternel, fait tout de même un bien fou.

Si la prédominance des reprises de traditionnels peut conférer à cet album une impression de facilité et d'absence de prise de risques, Bitter Brew offre néanmoins son lot de bons moments et laisse espérer que TIR NAN OG pourrait frapper fort s'il osait sortir un groupe composé uniquement de titres originaux. En attendant, on apprécie gentiment un album parfaitement réalisé et interprété, qui compense par sa fraîcheur la redondance de ses compositions. Une sympathique découverte.

Pour en savoir plus : http://www.tirnanog.de.tf/