Kinito est un groupe de rock français, mais n'est pourtant issu ni de la Popstar, ni de la Star Academy, ni de la Nouvelle Star, ni d'aucune autre emission de télé-star. Non, aussi surprenant que cela puisse paraître, il existe encore aujourd'hui en France des groupes qui obtiennent leur succès par la voie de la musique. Etonnant non ? Il paraît que pourtant, c'était chose courante il y a quelques années encore... Bref, Kinito vient de Seine-et-Marne (Fontainebleau pour être précis), et joue du rock sans prétention, avec comme leitmotiv l'envie de se faire plaisir.

Au programme : des titres accrocheurs, mélodiques, allant à l'essentiel sans se perdre en fioritures qui, de toutes manières, n'auraient fait que leur retirer leur pêche et leur efficacité. Ainsi on se retrouve avec douze titres pratiquement identiques sur le plan musical : riffs minimaliste, batteur carré, samples pas toujours judicieusement placés. Mais cette carence technique ne se révèle absolument pas dérangeante. Le chant en français accapare notre attention d'un bout à l'autre du disque et nous fait zapper sur le niveau plus que moyen des musiciens. Car en effet, l'important dans ce disque c'est principalement les paroles. Celles-ci ne sont pourtant ni révolutionnaires, ni mielleuses, ni tout ce que l'on a l'habitude d'entendre sur les ondes. Non, les paroles respirent la bonne humeur et la déconnade autour d'une bonne bière (d'ailleurs le Kinito est à la base une sorte de jeu dont le but est de finir le plus bourré possible). Les sujets sont suffisament variés pour que les auditeurs s'y reconnaissent. Et d'ailleurs, l'idéal serait de ne pas se reconnaître dans les paroles de Kinito, qui se donne à coeur joie dans la parodie et dans le foutage de gueule. Cela va des stars de la chanson française sur "La Maison de Disque" au "beauf" affalé dans son canapé un soir de match ("Football") en passant par les lolitas de quinze ans et demi, sur le titre du même nom. Les amateurs de tuning sont rangés au même titre que les politiciens véreux dans les excellents titres parodiques que sont "Supercar" et "I Love You". Et enfin, que serait un album parodique sans une critique acerbe de l'ami George W. Bush ? Et au cas où cet esprit "j'me fou du monde" ne vous plairait pas, vous pouvez vous rattraper avec l'autre moitié du disque, branchée franche déconnade : "Dans Un Champ", "J'Sais Pas Danser", "J'Passe Mon Chemin", ... Même la ballade du disque ("Regarde", pourtant matraquée sur les ondes radio) ne tombe pas dans le piège de la miellosité.

Quelques titres sont tout de même en dessous du lot : "Dix Ans Déjà", "Maîtresse", "Joe Zébove", où on ne retrouve plus vraiment l'humour des autres titres, et où les mélodies n'accrochent pas tant que ça. De plus, et c'est souvent le problème de ce genre de musique, la durée de vie du disque est vraiment très limitée. Les mélodies n'étant pas extrêmement fouillées, on tourne vite en rond et la lassitude nous empêche bien souvent d'écouter l'album d'une seule traite. Et pour peu que l'on ne se sente pas concerné par les paroles, ce disque perd vite de son intêret. Le livret étant en plus vraiment succint (seules les paroles des refrains sont présentes...) et la pochette à la beauté discutable, l'achat n'est conseillé qu'à ceux sûr de leur coup.

Kinito sort donc un premier album dont l'appréciation peu variée selon les personnes. Pour ma part, j'accroche plutôt bien à l'ensemble du disque, et je reviens à chaque fois avec grand plaisir sur les "Lolita", "Supercar", et autres "Regarde". Du Louise Attaque avec l’humour en plus !