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2012 Write Me Back

R. KELLY - Write Me Back (2012)
Par MANIAC BLUES le 14 Octobre 2012          Consultée 2319 fois

Depuis maintenant deux ans , R. Kelly ne semble plus pouvoir se séparer de sa nouvelle collection de costards. En 2010, l’homme a suffisamment de flaire pour se rendre compte que la mode n’est plus au R’n’B bon marché mais aux sonorités vintage. Jaloux des beaux costumes portés par ses collègues Raphael Saadiq ou Aloe Blacc, il ordonne à son tailleur de lui en fabriquer un plus beau et appelle un photographe pour qu’il puisse l’exhiber à la face du monde. Accessoirement, il compose un album, Love Letter, acclamé par la critique qui se pâme devant ce retour aux racines d'une soul romantico-niaise. Une simple opération relooking aura finalement suffi à R. Kelly pour se refaire une réputation.

Avec Write Me Back, R. Kelly continue de surexploiter ce nouveau fonds de commerce à toute berzingue. Ce disque est une sorte de suite de Love Letter. En maniant l’art de la litote, on ne peut pas dire qu’il renouvelle vraiment le genre de la love song. R. Kelly s’enfonce même dans les clichés jusqu’au coup, les paroles se révélant souvent aussi passionnantes qu’un bulletin météo (cf. « Lady Sunday »). Mais au-delà de sa posture exaspérante du parfait petit lover américain, R. Kelly fait montre de talents musicaux indéniables.

Premier constat : Write Me Back est qualitativement supérieur à Love Letter, qui mis à part quelques titres s'avérait finalement assez faiblard. Write Me Back, c’est une belle débauche d’énergie, des compositions sans cesse plus inspirées et un disque d’une forte cohésion. R. Kelly donne ses lettres de noblesse au R’n’B contemporain et prouve qu’avec un minimum d’intégrité musicale, ce genre si décrié est loin d’être dépourvu de potentiel.

Alors que la ballade pop sentimentale des années cinquante et soixante servait de fil conducteur à Love Letter, c’est le rhythm’n’blues de la même époque qui inspire cette-fois ci R. Kelly. L’idée n’est pas tant de faire un album rétro que de montrer comment un artiste aussi contemporain que R. Kelly se nourrit lui aussi de tout un héritage musical. D’ailleurs ces influences vintage ne sont pas tellement perceptibles, mis à part sur « All Arounds Me », avec son piano introductif façon Ray Charles et le festif « Party Jumpin’ » qui n’est pas sans rappeler Sam Cooke.

De manière simpliste, on pourrait considérer l’ensemble du disque comme un équivalent contemporain de ce qui se faisait il y a près de soixante ans en matière de soul. Mais il semble plus intéressant de concevoir cet album comme une synthèse de toute l’histoire du R’n’B américain, des premières notes de piano de Ray Charles à la pop de Michael Jackson en passant par les ballades sentimentales d’Al Green. Write Me Back fonctionne en effet de manière organique, comme un empilement de strates qui forment en définitive une musique d’une éclatante modernité.

Si R. Kelly respecte les canons d'un R’n’B léché, il y insuffle en plus une passion que l’on ne connaissait pas de la part de tels artistes. Write Me Back possède en effet un supplément d’âme inédit qui naît d’un travail extrêmement précis en termes d’arrangements, d’interprétation et de composition.

Comme quoi, une douloureuse opération à la gorge, ça vous change un chanteur, comme si suite à cette mésaventure, R. Kelly avait soudainement repris conscience de l’immense potentiel de sa voix. Sa tenue vocale est en effet impeccable, et d’une élasticité remarquable. Elle est particulièrement bien mise en valeur par l’orchestre qui l’accompagne ; les arrangements assez typés seventies, et surtout la section rythmique expressive fusionnent dans un tout harmonieux et grisant. « Love Is » donne la pulsation : le rythme énergique et calibré sert de sous bassement à des mélodies inspirées qui ne tombent jamais dans la facilité. Certes, l’ensemble peut paraître un peu surfait et impersonnel, mais c’est tellement bien réalisé qu’il est difficile de ne pas se prendre au jeu.

R. Kelly se montre aussi efficace dans les chansons dynamiques que dans les ballades prenantes comme « Clipped Wings ». Néanmoins tout n’est pas parfaitement réussi, le refrain de « Believe That It’s So » étant assez médiocre. Mais ce petit accroc est vite oublié face au formidable tir groupé qui s’en suit : « Fool For You », « All Arounds Me », « Believe In Me » jusqu’au délicieux « Share My Love », en exceptant tout de même « Green Light », agréable mais un peu trop inconsistant.

Dans l’ensemble, cet album reste un blockbuster estival d’excellente facture qui prouve que le R’n’B contemporain n’est pas dénué de qualités. Même les puristes peuvent y trouver leur compte, à condition de ne pas avoir trop d’a priori sur R. Kelly. Une bonne surprise en somme.

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1. Love Is
2. Feeling Single
3. Lady Sunday
4. When A Man Lies
5. Clipped Wings
6. Believe That Its So
7. Fool For You
8. All Arounds On Me
9. Believe In Me
10. Green Light
11. Party Jumpin
12. Share My Love



             



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