Sur la page wikipedia française dédiée à Macy Gray, sa biographie s’arrête en 2007 et à la préparation de l’album Big. Au-delà, les informations données sont erratiques. Il semble exister un blanc mystérieux entre 2007 et 2012. On ne sait rien de sa carrière et de sa vie sur cette période de cinq ans, excepté le fait qu’« elle participe à l’émission Dancing With the Stars en 2009 » et qu’« en 2011, elle chante sur la chanson MEGAUPLOAD ». Cette page wikipedia montre bien le désintérêt total des français pour le destin musical de la chanteuse américaine. En 2010, elle a tout de même sorti le disque The Sellout. Et 2012 aurait dû être célébrée comme une année charnière dans la carrière de Macy Gray, puisque cette dernière n’a sorti non pas un, mais deux albums. Le premier, Covered, est celui qui nous intéresse ici.

Cet album de reprises a provoqué un véritable tsunami d’indifférence, du moins en France. Macy Gray a repris des chansons ancrées dans un univers pop/rock qui va des Eurythmics à Metallica en passant par My Chemical Romance, Arcad Fire et Radiohead. Elle reprend ces titres avec sa patte soul bien entendu, en ponctuant son disque de petits interludes qui tournent systématiquement au blabla d’une vacuité sans fond. On ne répétera jamais assez combien l’exercice du cover est périlleux, combien il demande d’audace et de talent pour être pleinement réussi. Si Macy Gray ne manque pas de talent, elle risque néanmoins fort de se mettre à dos tous les fans des groupes précités.

Pourtant, tout est loin d’être raté dans ce disque qui propose même des moments plutôt agréables. Certes, on peut reprocher l’accumulation d’invités inutiles, des effets sonores un peu cheap, des arrangements sans grande profondeur, mais la voix de Macy Gray réussit quand même à produire quelque chose d’émouvant, aussi bien sur « Here Come The Rain Again », que « Creep » ou encore « Nothing Else Matter », une reprise des Metallica plutôt convaincante. Macy Gray n’a certainement pas une voix banale, et celle-ci fait tout le sel d’un disque dans l’ensemble très anecdotique.

Comme si la futilité de l’album ne suffisait pas, Macy Gray nous met en plus à l’épreuve en nous conviant à de grands moments d’inaudibilité. L’intermède avec Nicole Sherzinger, « I Try Is Cool And All But » semble constituer un point de rupture dans l’album. Tout ce qu’il y avant peut s’écouter sans déplaisir avec un minimum d’indulgence. Tout ce qu’il y a après est soit raté (« Lovelockdown »), soit navrant (« Maps »), soit vain (« Mel Raps »), soit mièvre (« Bubbly »). Totalement gavé de mauvaises sucreries, l’auditeur n’a plus la force de se coltiner les états d’âme de Macy Gray sur « Wake Up » et de percevoir l’ironie des velléités narcissiques de « Really ». On en a juste plus rien à cirer.

Covered est l’exemple même de l’album kleenex. On l’écoute une fois, puis on le jette en passant à autre chose. Même les meilleures chansons de ce disque ne supportent pas plusieurs écoutes répétées. Passons donc notre chemin sans regret, en attendant de découvrir -non sans une certaine appréhension-, l’album hommage au Talking Book de Stevie Wonder.