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1968 Super Session
 

- Membre : Manassas, Crosby, Stills, Nash & Young, Al Kooper, Stephen Stills

BLOOMFIELD, KOOPER & STILLS - Super Session (1968)
Par TOMTOM le 6 Juin 2013          Consultée 4206 fois

Il est des œuvres devant lesquelles il est difficile de faire autre chose que de s’incliner. Super Session est de ce genre d’album qu’on ne peut décemment pas ne pas aimer. A la fois pièce la plus spontanée accouchée en studio (deux jours d’enregistrement) et compilation de jams parmi les plus chiadés jamais exécutés, cet album montre surtout le niveau incroyable atteint par les musiciens à la fin des années 1960.

Je vous parle d’une époque où les mecs comprennent peu à peu que le format court du 45 tours ne mène à rien. Les titres se rallongent, les reprises deviennent des pièces musicales à part entière et les instrumentistes de tous bords deviennent des virtuoses, des artificiers n’ayant plus pour simple canons esthétiques que la fulgurance de l’improvisation et les rafales de figures de style. Super Session c’est tout cela à la fois. Rien que pour ça, les trois mecs qui ont gravé leur nom sur la jaquette de ce monument méritent d’être bénis à tout jamais. Et pouvait-on espérer meilleur casting ?

Le mec à l’origine de cette session s’appelle Al KOOPER. Titilleur d’ivoire parmi les plus doués de sa génération, l’homme avait fondé Blood, Sweet and Tears en 1967 mais s’était surtout fait un nom comme musicien de studio de génie : en 1965, c’est lui qui est choisi par DYLAN pour mener le clavier sur Like a Rolling Stone l’album. La légende voudrait même que ce soit lui qui ait pondu le riff du titre éponyme. C’est vous dire. Pendant l’enregistrement, le frisé rencontre un autre virtuose : Mike BLOOMFIELD. Merveilleux guitariste blues formé à Chicago, responsable quelques années plus tôt du tour de force blues-psychédélique « East-West » en tant que gratteux du Paul Butterfield Blues Band, BLOOMFIELD n’a, en ce jour de 1968, pas grand-chose d’autre à faire. Alors pourquoi refuser un bœuf proposé par un gus avec lequel on n’a joué que deux fois auparavant ?

Vous avez bien lu : deux fois. L’une pendant les sessions de Like a Rolling Stone, l’autre pendant le fameux festival de Newport où Bob DYLAN se fait huer par ses anciens potes folkeux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux gaillards s’étaient bien reniflés. Toute la première face de Super Session est témoin de l’osmose parfaite entre les deux musiciens. Les solos s’enchainent magnifiquement bien, chacun attendant son tour pour tirer la couverture. Sur le blues classique « Albert’s Shuffle » au plus southern soul « Stop » (un must emprunté à Howard TATE), en passant par le jazzy/psyché « His Holy Modal Majesty » (fantastique), BLOOMFIELD brille de mille feux. Son style est tout en finesse, carré, incroyablement fluide et reste dénué de tout effet à la mode (fuzz, wah-wah, ce genre). Une certaine idée du classicisme guitaristique, en somme. KOOPER n’est pas en reste : sur « His Holy… », il dépasse toutes les expériences prog à venir. Une rythmique honorable assurée par deux membres du Electric Flag (le groupe de BLOOMFIELD) et quelques cuivres ajoutés en overdubs et le tour est joué. La Super Session est un succès.

Problème : le deuxième jour, Mike BLOOMFIELD est malade et ne se pointe pas au studio. Al KOOPER est plutôt emmerdé : il a réservé les lieux pour deux jours. Qu’à cela ne tienne, le claviériste au carnet d’adresse en or appelle un autre de ses potes pour assurer l’intérim: Stephen STILLS, le mec qui aura bientôt son blaze entre CROSBY et NASH. Démissionnaire de Buffalo Springfield quelques jours plus tôt, STILLS va, avec son style plus west coast, apporter une dose de fraîcheur bienvenue à la seconde face de Super Session. En témoignent la très country « It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry », empruntée à Bob DYLAN mais surtout la reprise aérienne du tube de DONOVAN « Season of The Witch ». En 11 minutes, les deux compères gravent un chef d’œuvre psychédélique digne des plus grandes formations de San Francisco. Rajoutons à cela le hard « You Don’t Love Me » (STILLS en plein délire phasing) et un petit mot sur le chant chaleureux d’Al KOOPER pour qu’on en soit persuadé : la face B est bien à la hauteur de la face A.

On conclura cette chronique comme on voudra. Les uns trouveront peut-être poussive la face instrumentale du disque, soit la quasi-totalité de la partie BLOOMFIELD. Reste que Super Session est indéniablement le disque le plus abouti qu’un super groupe (c’est bien de ça qu’il s’agit) ait jamais produit, tant en terme d’efficacité (la partie STILLS) que de virtuosité (BLOOMFIELD, donc). A sa sortie, Super Session sera bombardé douzième du classement Billboard.

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   TOMTOM

 
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- Al Kooper (chant, claviers, guitare)
- Mike Bloomfield (guitare)
- Stephen Stills (guitare)
- Harvey Brooks (basse)
- Eddie Hoh (batterie)


1. Albert's Shuffle
2. Stop
3. Man's Temptation
4. His Holy Modal Majesty
5. Really
6. It Takes A Lot To Laugh, It Takes A Train To Cry
7. Season Of The Witch
8. You Don't Love Me
9. Harvey's Tune



             



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