Si on fait quelques comptes avec APHRODITE'S CHILD, qu'obtient-on ? Un groupe. Trois albums studio. Aucun live officiel enregistré. Et 18 compiles. Pour peu qu'on ait un peu de logique, ce dernier chiffre est inconcevable. De plus, le groupe grec n'est pas connu pour avoir fait des pépites extraordinaires et surtout une montagne d'inédits. Et pourtant, il y en a une qui mérite l'attention plus que les autres. Une sorte d'élue, la seule digne de figurer dans toute discothèque qui se respecte. L'élue en question, The Complete Collection, fait pourtant pâle figure par rapport à ce qu'on attend d'elle.

En règle générale, quand on parle de Complete Collection, la logique veut qu'il y ait vraiment toute la discographie du groupe dont il est question. Sauf qu'ici, l'auditeur est trompé sur la marchandise. Si End of the World, It's Five O'Clock et les singles inédits (et leurs faces B respectives) figurent bien ici, la présence de 10 titres de 666 sur 24 montre clairement que, en gros, on se fout de notre gueule. Mais si ce n'était que ça. Toujours selon la logique, il aurait été bien que The Complete Collection soit un petit coffret 4 CD, chacun contenant un album, et le quatrième présentant les inédits. Manque de pot, APHRODITE'S CHILD n'est pas un groupe suffisamment reconnu pour avoir droit à un tel éloge, et c'est sur une compile 2 CD tout ce qu'il y a de plus basique qu'on aboutit. De plus, en ce qui concerne It's Five O'Clock, les morceaux ne sont pas dans l'ordre originel. Petite consolation tout de même, les chansons sont présentées de manière chronologique, y compris les inédits.

Quant au contenu en lui-même, l'intérêt principal pour le collectionneur réside dans les singles inédits. Pour être franc, sur les huit titres sortis en dehors des albums, seuls "The Other People" et "Magic Mirror" sont indispensables à l'écoute. Plus particulièrement, ce derni soit être la chanson la plus dynamique et nerveuse jamais composée par le groupe – du moins avant 666. A l'inverse, les deux chansons en italien, composées spécialement pour le festival de San Remo 1969, sont ignobles. Demis Roussos y livre une prestation atroce, dont on retrouve l'écho dans "Goodbye my love, goodbye", en 1973.
En dehors des inédits, si les deux premiers albums répondent bien présents, le cas 666 est assez particulier. Les morceaux les plus accessibles sont de la partie, ce qui n'est guère surprenant. Mais à côté d'eux, "All the Seats were Occupied" fait quelque peu office d'intrus, et ce d'autant plus qu'il est complet. L'aspect le plus sauvage du groupe est donc représenté, et prouve bien que le groupe de Vangelis ne se limite pas qu'aux ballades roucoulantes et à de la pop efficace mais simple, voire simpliste.

Il ne faut pas se leurrer pour autant. The Complete Collection porte un titre incroyablement trompeur, plus encore qu'un Greatest Hits ou un Best Of. Le fait qu'il contienne en intégralité deux albums et tous les singles des années 60 justifient toutefois son acquisition. A noter que si "All the Seats were Occupied" avait été remplacé par l'inédit prog "Chakachak", l'intérêt de la compile aurait été bien plus grand.