Après Bevilacqua, un retour des plus surprenants en 1996, on pouvait s'attendre à ce que CHRISTOPHE reprenne régulièrement sa carrière de chanteur. Or, malgré la réception positive de son album, le chanteur adopte un rythme de sénateur, préférant ainsi attendre le changement de siècle avant d'offrir de nouvelles musiques. L'attente peut cependant valoir le coup, notamment chez un artiste complet de la trempe de CHRISTOPHE. La patience est une vertu, c'est donc en 2001 que sort Comm' si la Terre penchait, un opus des plus notables.

Rien que la pochette en dit long sur le caractère intime et mélancolique du CHRISTOPHE nouveau. Plus encore que Bevilacqua, l'introspection et la sobriété y sont de mise. Stylistiquement, le chanteur abandonne les éléments les plus techno des années 90, pour n'en garder que l'aspect électro-pop et trip-hop, toujours mêlé à de la variété française haut de gamme. Un œil toujours neuf sur la musique donc, le cachetonnage étant toujours le premier des refusés.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que CHRISTOPHE n'a pas cherché à être médiocre. Que ce soit à la production, à l'écriture ou à l'interprétation, rien n'a semblé laissé au hasard. Résultat des courses  Comm' si la Terre penchait livre parmi les plus belles chansons de CHRISTOPHE. Rien que ça. Sa manière d'exposer les relations amoureuses, d'user de tournures de phrases 'alambiquées' révèle (si besoin était) tout ce que le chanteur a de plus fin au bout de sa plume. Ce constat est d'autant plus évident à l'écoute de la plupart des morceaux. "Comme un interdit", "La man"... A eux seuls, ces deux exemples démontrent toute la beauté fragile de l'album. Une beauté telle qu'elle donnerait envie de pleurer.

Oui, vraiment, on tâte du doigt l'album parfait, ce qui n'est pas peu dire. Comm' si la Terre penchait est d'une telle qualité qu'il n'ennuie jamais durant ses 47 minutes. Même les cris suraigus de CHRISTOPHE sur le morceau-titre ne posent pas de problème, étant donné qu'ils s'inscrivent dans un ensemble cohérent dans ce qui paraît une sorte de catharsis. Cependant, Comm' si la Terre penchait n'est pas parfait. Pas seulement à cause de son origine humaine (bien évidemment), mais aussi parce qu'il contient des passages légèrement moins bons. En particulier, la fin de l'album, sans décevoir, n'offre pas ce qu'on était en droit d'attendre, c'est-à-dire quelque chose de plus marquant qu'un "Voir", certes pas désagréable (c'est aussi le morceau le plus rapide), mais qui passe pour anecdotique après la déferlante de morceaux d'anthologie à qui il succède.

Comm'si la Terre penchait est un pur bijou signé CHRISTOPHE qui refuse de céder aux sirènes de la vieillesse sans pour autant tomber dans le piège de la modernisation ridicule. On peut carrément parler de transcendance de son art, ce qui n'est pas peu dire.

Note réelle : 4,5/5