En deux ans, MANRAN aura vécu plus de choses et rencontré plus de succès que bon nombre de ses pairs en toute une carrière. Porté, grâce à son premier album, sur les scènes du Royaume-Uni, du Danemark, de France (une superbe prestation au Festival Interceltique de Lorient en 2012) ou encore d'Allemagne, récompensé par le prix de l'album de l'année aux renommés Scots Trad Music Awards, le groupe mené par l'accordéoniste Gary Innes est parvenu, en peu de temps à se forger une réputation enviable. Grisé par cette popularité inattendue, le groupe n'a donc pas longtemps attendu pour enregistrer un successeur à son premier opus. Cette nouvelle offrande, qui mêle folk contemporain et influences celtiques traditionnelles, semble voué à démontrer que le groupe écossais dispose de sa propre personnalité, et n'est pas qu'une version jeune de Runrig. En somme, et comme son nom l'indique, cet album est un test.

Un rite de passage, voici ce qu'est ce deuxième album qui, comme son prédécesseur, mêle compositions originales et interprétations de traditionnels écossais. Modernité et respect de la tradition s'entremêlent à chaque instant, grâce à l'utilisation d'instruments complémentaires, tels que le piano et la cornemuse, qui témoignent d'un groupe parfaitement ancré dans son époque (c'est flagrant sur l'instrumental final, "Overtime"). Pas forcément festif, bien que souvent énergique et taillé pour la scène, The Test est un album fourmillant de trouvailles et de bonnes idées, qui puise son essence dans le bricolage réussi de plusieurs traditionnels au sein d'un même morceau ("MSR", "Jigs"), et qui assoie un peu plus l'identité de MANRAN en tant que porteur de flambeau de la nouvelle scène folk celtique écossaise. La reprise du "Tilidh me" de Runrig n'est qu'un hommage respectueux d'un groupe qui ne court pas après la glorieuse carrière de ses aînés pour se forger sa réputation. MANRAN se débrouille très bien tout seul. Il suffit, pour s'en convaincre, d'écouter le morceau-titre, "The test", une des rares compositions personnelles de l'album, qui se révèle un petit chef-d'oeuvre folk, porté par une guitare acoustique délicate, un piano discret, et un assemblage flûte / violon du plus bel effet. La voix du chanteur Norrie MacIver, plus affirmée, participe également à la réussite indéniable d'un superbe morceau, qui n'est pas sans rappeler un autre jeune groupe britannique prometteur, Coast.

Ainsi, entre tradition et modernité, MANRAN est parvenu à trouver sa voie, à travers un mélange très réussi qui constitue un pont entre deux univers. Si l'on aurait aimé que le groupe propose plus de compositions personnelles, on ne peut que rester admiratif face au sens de la mélodie et à la maîtrise instrumentale d'un groupe qui, si tout va bien, n'en a pas terminé avec les récompenses et les louages !