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2008 Magic Chaudron
 

- Membre : Myrdhin

MAGIC CHAUDRON - Magic Chaudron (2008)
Par MARCO STIVELL le 30 Janvier 2014          Consultée 1837 fois

MAGIC CHAUDRON a l'avantage d'être un nom qui sonne à la fois universel et aisément identifiable pour des oreilles françaises, ce qui est déjà moins le cas de « cauldron », le terme anglais relatif au récipient. Récipient dans lequel trois artistes bretons déversent les ingrédients de leurs talents respectifs pour préparer une mixture dont l'effet ne sera pas de vouloir donner des claques aux Romains, mais seulement de faire rêver, rêver et encore rêver... Zil et Myrdhin, les parties féminine et masculine du Duo Ars Celtica, s'allient ici à Pascal Lamour, que l'on surnomme « électro-shaman » en ces terres et qui, bien avant Denez Prigent et Kohann, demeure en Bretagne le premier instigateur de la rencontre entre les musiques traditionnelles et les nouvelles technologies. Tous trois sont druides, connaissent donc entre autres rapports privilégiés avec la nature, le tour de main(s) et le temps nécessaire à la préparation de la potion magique.

L'unique album de cette formation est un concept musical retraçant l'histoire de Taliesin, grande figure mythologique galloise dont l'identité bardique est souvent rattachée à celle de Myrddin, Myrdhin, Merlin. La part « concrète » de sa vie, celle que tout le monde connait grâce au manuscrit de Iolo Morganwg, est que Taliesin enfant aurait échappé à des pirates irlandais et fut repêché par le chef Elfin, ce qui donne lieu depuis de nombreux siècles à tout autant d'interprétations différentes. À travers ce disque, les trois bardes bretons proposent la suivante : la sorcière Keridwen, ayant par la faute de Gwion échoué dans sa confection de la potion permettant d'accéder au Savoir Universel, donne vie à un beau petit garçon qu'elle ne veut ni garder ni tuer, et l'abandonne à la mer ; repêché par Elfin, il se présente comme étant Taliesin, « front étincelant ». Une histoire qui, en tant que légende, s'affranchit de toute donnée temporelle (la seule officielle étant le Vème siècle, quelques années avant la période « arthurienne »), se perd à travers les âges pour mieux renforcer le sentiment de mystère. Ce que MAGIC CHAUDRON s'emploie à souligner dans les récitations de chacun écrites par Zil, au moyen de phrases à sujets et compléments, mais sans verbes.

Pascal Lamour et Duo Ars Celtica s'associent donc pour donner à un travail qui depuis une dizaine d'années était quelque peu cantonné à un registre actuel, une couleur mystique directement héritée des légendes et de la liberté d'imagination qu'elles offrent. « Gwechall » est à lui seul fortement représentatif de ce parti-pris, nous plongeant dans l'obscurantisme propre au haut Moyen-Âge, au milieu de forêts où la fumée se répand et où on ne se sent guère en sécurité. Les voix se font menaçantes, le saxophone joue de ces mélodies fantomatiques qui éloignent les voyageurs... Mais c'est pour mieux faire ressortir la pureté des notes de harpe, Myrdhin et Zil évoquant sur « Magic Potion » la longue période (un an et une nuit) durant laquelle Gwion doit surveiller la potion, son remous dans le chaudron et qui s'accélère au fil du temps... Plus loin, après avoir échoué, Gwion sait que Keridwen la sorcière va le tuer, et pour lui échapper, il doit courir en se métamorphosant à plusieurs reprises, ce qui est musicalement dépeint sur fond de musique jazzy et légère.

Alors que Duo Ars Celtica met l'accent sur les harpes (tout en ajoutant quelques notes d'anklungs javanais), Pascal Lamour développe le versant électronique par le biais de rythmiques fortes qui dynamisent « Les Trois Fontaines », la gavotte « Elfin » et l'an dro « Magic Chaudron » -à la mélodie très lumineuse, autant que superbe-. Il enrichit aussi la palette sonore de nombreuses percussions et instruments à vent, tout en n'hésitant pas à délaisser les effets modernes quand il en a l'occasion, comme sur « Magic Potion » où sa participation se limite à la cornemuse. Par ailleurs, il prête sa voix comme Zil et Myrdhin à une chanson, où là en revanche on ressent son empreinte chamanique, renforcée par les traitements électroniques. Myrdhin double sa voix sur « Keridwen », réminiscence d'une mélodie qu'il avait écrite pour une chanson du même nom treize ans plus tôt. Le trio revisite également une chanson de Duo Ars Celtica, « Les Trois Fontaines », qui se révèle très différente de sa version d'origine par la présence de rythmiques entre hip-hop et Inde, le seul lien résidant à travers le texte ainsi que la mélodie de harpe.

Une expérience envoûtante, à de nombreux points de vue et pour les deux premiers tiers de l'album en particulier. Dans ses albums solos ultérieurs, Pascal Lamour réemploiera cette trame de concept (Le Chant de la Mandragore, à la fois musique et bande dessinée, 2011).

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   MARCO STIVELL

 
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- Zil (harpes celtiques, anklung, voix, textes)
- Myrdhin (harpes celtiques, anklung, chant)
- Pascal Lamour (tous instruments électroniques et à vent)


1. Elfin
2. Gwechall
3. Magic Potion
4. Lac Bala
5. Les Trois Fontaines
6. Metamorphing
7. Magic Chaudron
8. Keridwen
9. Migrations, Elfin Remix



             



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