Malgré tout ce qu'on peut dire de mal sur l'état actuel de la musique, il est des choses immuables, qui ne pourront guère changer quelle que soit l'époque. Dans le monde de la musique, tout le monde ou presque a forcément intégré de gré ou de force ceci : l'Angleterre a toujours proposé et proposera toujours des artistes et groupes bien au-dessus du lot. Citer des exemples serait inutile tellement ils sont nombreux. Rien qu'avec les Beatles, King Crimson, Oasis, Pink Floyd, ou encore Aphex Twin, le réservoir de nos « amis » angliches est à peine entamé. La principale différence avec l'ancienne époque réside principalement dans le comportement de certains journaux qui veulent à tout prix voir les nouveaux Fab Four ou du moins s'ébaubissent devant le premier groupe qui se détache de la moyenne en chute libre. Ce phénomène peut également être appelé, pour faire plus court, la hype. A noter que la hype peut aussi concerner des groupes étasuniens ou d'autre nationalité.

LONDON GRAMMAR fait entre autres partie des groupes actuels classés hype. Ce trio originaire de Nottigham a réussi à attirer l'attention, grâce à une première chanson qui a fait mouche (Hey Now), suivi d'un EP. Mais c'est bien une collaboration avec Disclosure qui les a propulsés sur le devant de la scène. De facto, et à coups de singles sortant au fil du temps, le premier album de LONDON GRAMMAR fut attendu au tournant, comme l'album ultime de THE groupe à suivre.

Quand on écoute If You Wait, force est de constater que LONDON GRAMMAR ne démérite pas entièrement tous les espoirs qu'on a placés en lui. L'opus dans sa globalité n'est en aucun cas raté, et possède des qualités incontestables. En premier lieu, c'est la voix de Hannah Reid qui peut clairement être sujette à éloges. La manière dont la blonde chanteuse s'en sert est formidable, les expressions qu'elle dégage sont même presque palpables.
Ceci étant, à moins de se retrouver face à un album a cappella, il est dur, voire impossible de concevoir un disque ne reposant que sur une voix. Les autres éléments principaux se doivent d'être au moins aussi importants/réussis. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'effectivement, LONDON GRAMMAR n'a pas concentré son talent dans une seule cellule : si la voix de Reid est un bijou, alors elle est enfermée dans un écrin beau et somptueux.

Le problème majeur de If You Wait se trouve toutefois dans ses compositions. L'ensemble est assez beau et mélancolique, chose assez appuyée par les textes de Reid, mais pendant 43 minutes, la redondance est de rigueur. Ce n'est pas un mal de faire des chansons dans le même ton, encore faut-il qu'elles se démarquent nettement entre elles, indépendamment de leurs qualités et défauts respectifs. Que ce soit le piano qui domine (Nightcall) ou une instrumentation plus synthpop ("Strong"), on a la nette impression que LONDON GRAMMAR ne sait rien faire d'autre. Est-ce par choix ou par incompétence dans un autre registre, allez savoir. Toujours est-il qu'à moins de détenir la recette musicale magique (et encore), tenir la corde tout le long d'un album s'avère éprouvant, et l'éponge est bien souvent jetée. LONDON GRAMMAR n'échappe pas à la règle. C'est d'autant plus dommage que le trio est très doué.

Nul doute que si If You Wait était réduit au format EP, il aurait pu être réellement indispensable. Quelques belles perles y circulent ("Shyer", "Wasting my Young Years"), mais elles sont noyées dans un isomorphisme stylistique quelque peu décevant. Cependant, il convient d'encourager et de suivre LONDON GRAMMAR, et de leur souhaiter qu'ils arrivent à faire un prochain album plus fort.

Note réelle : 2,5/5