AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Depuis quelques années, la vague de remakes/reboots frappe de plein fouet Hollywood, avec son cortège de films poussifs et ennuyeux qui incitent au passéisme. Les licences Marvel/DC Comics, le Magicien d'Oz, Evil Dead, j'en passe et des pires. Le phénomène ne semble pas prêt de finir, et en ce début d'année arrive l'un des films les plus haïs avant même sa sortie, j'ai nommé Robocop. Et oui, même le film culte de Paul Verhoeven, qui s'est imposé dans la culture eighties, se voit victime d'un nouveau coup de peinture, orchestré par un certain José Padilha, cinéaste brésilien s'étant fait remarquer avec Tropas de Elite et sa suite. Entre la production hasardeuse et les critiques assassines des Internets, le futur Robocop ne partait pas gagnant.
Au final, s'il a réussi à ne pas devenir le navet qu'on prédisait, il n'en reste pas moins que le film n'est pas sensationnel pour un sou. Pour les points positifs, on pourra noter un traitement psychologique du personnage principal, ainsi qu'une réalisation plus que bonne, même si certaines scènes d'action font tiquer, et une analyse plutôt correcte du pouvoir des média. Par contre, les autres personnages sont juste des clichés fades, y compris celui de Lewis, par ailleurs injustement incarné par un homme alors que le film de 1987 proposait une femme forte ne convenant à aucun stéréotype. Le scénario, en ce qui le concerne, souffre d'un manque de logique tellement flagrant par moments que cela en devient gênant, et ne convainc guère de manière globale.

La musique du film n'est pas non plus un élément fort de Robocop. Elle est l'oeuvre de Pedro BROMFMAN, qui a déjà travaillé avec Padilha par le passé. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne dépareille pas parmi les confrères de Hollywood. Parce que, je vous le donne en mille, le sinistre isomorphisme qui frappe Zimmer & co n'a pas épargné le compositeur brésilien. Les mêmes riffs de violons qui débarquent, la même grandiloquence qui aseptise encore plus les scènes du film... bravo Pedro, tu as tout compris à la musique de films actuels, quitte à te fondre dans la masse informe. Ah, et impossible de parler de la musique de Robocop sans évoquer le thème du film de 1987. LE thème, celui qu'on fredonne, et qui frappe par sa grandeur. Il est intégré dans le film, et avec un effet dubstep pour accompagner les cuivres étincelants, mais cela relève plus du clin d'oeil plus futile qu'autre chose.

Sauf que... la BO de Robocop n'est pas entièrement inutile. En effet, BROMFMAN a réussi à placer ça et là quelques morceaux qui, en plus de bien coller au film (pour peu qu'ils soient audibles dans le cinéma), ne sont pas désagréables à l'écoute. Cela est notamment dû à l'usage certes très limité d'éléments électroniques, et aboutit sur quelques moments lorgnant vers le dark ambient, qui collent bien aux scènes inhérentes tout en étant appréciables ("Calling Home", "Fixing Robocop"). Ailleurs, c'est le thème de l'Omnicorp qui est bien construit et marque les esprits, même si un thème plus profond n'aurait pas été de trop.

Le problème des bons aspects de la BO de Robocop, c'est qu'ils sont négligeables par rapport aux tares dont cette dernières est frappée. Toutefois, il faut bien se rendre compte que pour un film qui n'est pas exceptionnel, il aurait été difficile de réaliser une musique qui l'aurait été – mais ce n'est pas impossible. Bref, à film moyen, musique moyenne.

Note réelle : 1,5/5