Nous arrivons au crépuscule de l'été, les jours sont moins chauds et plus courts, alors quelle meilleure idée que de se replonger dans un bain équatorial avec une carioca ? Car la fille de Joao GILBERTO a décidé de refaire un tour du coté des studios pour enregistrer en toute quiétude son cinquième album. Bebel n'a pas de besoins financiers ni de reconnaissance, la démarche ne peut être guidée que par l'envie de partager à nouveau un instant de détente sud américaine avec ceux qui l'aiment. Le précédent opus "All in one" confirmait les qualités de la désormais presque quinquagénaire : de la douceur et ce qu'il faut de déhanché pour affirmer son identité brésilienne. Nul doute que la livraison du jour présentera les mêmes éléments. On reste dans une atmosphère peu people, c’est champêtre et frais, à l‘image des pochettes habituelles de la Carioca...

Bebel a choisit le titre « Somewhere else » pour porter la reconnaissance du disque. Le morceau est d’une beauté troublante. Malgré l’utilisation de l’anglais, le Brésil est^partout, c’est nimbé de soleil, on marche le long d’une aube sur Ipanhema, tout juste si on n’entend pas les vagues caresser le bas du dos des Garotas, toute la « Felicidade » du pays se trouve dans cette sublime mélodie, difficile de ne pas apprécier. Pas de message particulier véhiculé par la jeune femme, mais une volonté délibérée de profiter de l’instant qui passe et d’en faire un petit tableau, tant il est vrai qu’on peut trouver du beau et du bien dans tout, « Tudo » en brésilien... On retrouve l’anglais sur « Harvest moon » dans un registre qui lui convient moins bien à mon sens, quand à « Lonely in my heart » et « It’s all over now », elles font partie des moins mémorables du disque.

En revanche, a petite bossa de « Nova ideas » la voit croiser Seu JORGE, on s’y rapproche par instant des grands instants de création menées par son père et Tom JOBIM dans les sixties. On signalera aussi la jolie « Nada nao », qui me replonge personnellement dans la transe de la vision céleste des cariocas et des paulistes, toutes énergies dehors, dansant jusqu’au bout de la nuit , puis de la journée, beau titre, puis la mignonne bossa de « Vivo sonhandos » ou celle de « Saudade vem correndo ». Ah nous avons un morceau en Français, Bebel ne nous a pas oublié, il s’agit de « Tout est bleu » coécrite par la regrettée Pascale HOSPITALET du groupe AME STRONG, très sympa.

Au final, rien de révolutionnaire, mais une propension toute naturelle à la contemplation, à la jouissance des plus simples moments qui passent. Un morceau d’exception avec « Somewhere else » qu’il serait dommage de laisser passer. Une friandise du moment, pour ne pas oublier que l’été reviendra l’an prochain.