Il y a de quoi être étonné en apprenant le nom de ce groupe originaire du Puy de Dôme : La Position du Tireur Couché. Késako? C'est le titre d'un roman policier de Manchette, auteur français très apprécié dans le domaine. Et après? Bon, passons au titre de l'album : Acapulco. Euh... Puy de Dôme - Acapulco il y a pas mal de kilomètres, on va peut-être aller chercher par-là alors, il s'agirait peut-être de voyages...
Bon, je ne vais pas délirer plus longtemps, La Position du Tireur Couché, découvert par le Printemps de Bourges et le concours CQFD des Inrocks, brouille les pistes dès son arrivée sur la scène française avec ce premier disque totalement hors de son temps et pourtant si appréciable... Suivez le guide!

L'album débute sur une voix féminine qui nous clame : "Acapulco". On se dit alors : "tiens, cette voix me rappelle quelque chose...". Et puis le reste de la chanson défile, une musique pop toute jolie et mignonne, des paroles un peu faciles mais pleines de soleil et de bonne humeur. Et cette voix féminine que l'on semble connaître. Les paroles un peu déglinguées défilent, le chanteur affirme que La Position du Tireur Couché a pas mal de succès (aurions-nous loupé une étape?), et à la fin de la chanson, tout s'éclaire, nous avons affaire à Brigitte Bardot.
Aïe, dans quelle galère me suis-je emmené avec ce disque? Continuons tout de même cette écoute bien agréable. Les mélodies frôlent les oreilles avec délicatesse, le chanteur (Frédéric) nous offre une voix douce et virile entre Gainsbourg et Delerm (sur la tonalité uniquement) et la demoiselle (Gaëlle) une voix seventies de premier choix. On se laisse alors embarquer dans ce voyage dans le temps fait de duos gainsbouriens tout à fait dans le style d'il y a trente ans ("Je m'en lasse", "Le James Bond du quartier"), de destinations faites de clichés ("Acapulco", "Les Plages de Berck", Courchevel, Milan, Longchamps dans "Je m'en lasse"), de références à des gentlemen prestigieux (James Bond, Steve Austin)...
Nous sommes pourtant bel et bien en 2005 et tout porte à croire à l'écoute de ce disque que, finalement, rien n'a changé, alors pourquoi changer? Ce disque est dansant comme de bons vieux tubes pop, il prête à sourire tant les paroles sont d'une délicieuse légèreté, les sujets abordés sont aussi simples que l'amour, l'argent, l'amour, les voyages, l'amour, le soleil... La plume raffinée de Frédéric Pradelle fond sous la bouche comme un chocolat dont le coeur serait plus craquant que croquant.
Ce groupe nous apporte une douceur à laquelle il est bon de goûter pour nous changer de toutes ces ondes négatives qui nous entourent.
On pourrait malheureusement reprocher à La Position du Tireur Couché de faire une musique plutôt simple et facile, vieillotte, vue et revue, inspirée et tous les adjectifs démontrant que ce disque paraît peu personnel et peu recherché. Mais cette décontraction et cette audace font de cet album un objet totalement décomplexé, ce qui est rare.

Inutile donc d'aller chercher plus loin, ce disque n'est pas une révolution, mais juste un incroyable rayon de soleil dans le paysage musical français, une élégante carte d'identité d'un groupe qui gagne à être un peu plus connu, ne serait-ce que pour le bonheur des oreilles hexagonales. Outre sa petite longueur (29 minutes) et tout un tas de petites choses citées précédemment, Acapulco est un album à écouter, on ne s'en lasse pas, on ne s'y emmerde pas non plus.