Ma première chronique de Midnite sur Forces Parallèles. Mais pourquoi cet album ? Me demandez-vous, impatients que vous êtes ! On est en 2007, Midnite joue depuis 20 ans, et produit un nombre incroyable d'albums studio depuis 10 ans (depuis « Unpolished » en 1997). J'ai eu beau chercher, je n'ai d'ailleurs pas réussi à savoir si « Better World Rasta » est bien leur 22ème opus en 10 ans. Il se pourrait bien que ce soit leur 23ème ou 24ème, puisqu'en 2007 sont aussi sortis les albums « Rule the Time », « Aneed », « Suns of Atom », « Bless go Roun », et « Infinite Quality » … Rien que ça ! Eh bien à part ces quelques chiffres ronds (20 ans depuis leur formation, 10 ans de prod studio), l'argument indéfectible pour le choix de cet opus, c'est qu'il est fichtrement bon. Let's hear it !

L'album commence sur une énorme tune, « His Speeches », qui est selon moi une des plus grosses réussites du groupe des Îles Vierges, tous albums confondus. Les riffs carrément rock de la guitare lead en arrière plan apportent un dynamisme bienvenu. La batterie presque Dancehall, et puis un gros riddim roots avec une basse qui martèle, un skank claviers / gratte bien clinquant, sans compter la voix et le flow de Vaughn Benjamin qui envoie du texte, comme toujours, c'est la marque de fabrique ! Un début d'album vraiment énergique pour du Midnite habituellement très zen.

L'ambiance change dès la deuxième track et d'ailleurs on peut noter que l'album est très hétérogène, manquant presque de cohérence, mais uniquement dans l'orchestration et la prod. Niveau chant par contre on retrouve sur chaque piste l'identité vocale et même spirituelle propre au groupe caribéen et à son chanteur-psalmodieur Vaughn Benjamin.

« Ithiopya » est peut-être le morceau de l'opus qui restera le moins dans les mémoires mais hormis cette compo, le reste du disque est vraiment plaisant, énergique, frais... comme sur « Honor », très mélodique, avec une production inspirée ; ou « Ah Jah » étonnamment assez proche du reggae américain actuel.

Les amateurs de roots et de reggae jamaïcain ne seront pas déçus (et même plutôt gâtés), avec par exemple « Better World Rasta », où on a presque l'impression d'avoir Sly & Robbie au duo basse-batterie pour un morceau très proche de ce qu'aurait pu faire BLACK UHURU en 85 s'ils y avaient connu Vaughn Benjamin. « Evening Come » est à noter aussi pour son côté très jamaïcain, résolument reggae, avec le mélodica qui va bien pour donner cet effet dub qu'Augustus PABLO a tant popularisé en son temps. Et puis très très roots, on a « Over Yonder », qui passe littéralement au dessus des nuages (des nuages de fumée me direz-vous), ultra posé, et qui rejoint sur ce terrain un « Train filled his temple » tout aussi aérien mais moins proche de la tradition roots que « Over Yonder ».

Enfin, histoire de faire complet, du Nu Roots, qui plaira aux jeunes et aux plus excités, notamment avec « Gi Dem » qui envoie sévère : grosse ligne de basse, tempo soutenu, claviers présents mais pas trop kitch, et vocalement une sacrée performance !

L'album se finit tranquillement, traditionnellement, sur un morceau nyabinghi dans la pure veine rasta, sur un texte à la gloire d'Haile Selassie I, et un flow ragga très bien incorporé à la sauce nyabinghi. Preuve (s'il en fallait encore) de la créativité et du talent du groupe.

On a frôlé le 5/5

A noter – quelques-uns des textes de cet album ici : http://www.midnite-culture.com/album/midnite-better-world-rasta/