Formé en 2001, le groupe acadien LA VIREE ne publie son premier véritable album qu'en 2005. Il fait suite à une première démo (4 Tounes), et surtout à une percée au Festival Interceltique de Lorient, l'année précédente. Programmé en première partie de Wilfred LeBouthillier (gagnant de la Star Académie canadienne), le groupe enflamme la scène pendant neuf jours et pas moins de dix-huit prestations. Un joli détonateur pour sa carrière...

L'Ordre du Bon Temps, paru en 2005 donc, est déjà fortement représentatif de l'empreinte LA VIREE, jusque dans son titre, qui porte une consonance historique car il renvoie au premier club gastronomique américain instauré en Nouvelle-Ecosse au début du XVIIème siècle. La musique du groupe, sous forme de compositions originales avant tout, met en avant des paroles épicuriennes ; pour les non-initiés à la pensée antique, il s'agit de la philosophie la plus heureuse possible, ici nourrie de plaisirs simples et d'une humeur conviviale.

Tous les moyens sont bons : chants de marins, repas dans la cabane et soirées au chalet... Avec la présence des copains, évidemment ! La musique des garçons du Nouveau-Brunswick est à l'image de ces paroles, communicative et point trop sérieuse. Au contraire, dansante, chantée gaiement et en choeur, elle n'hésite point à aligner les tempos similaires et favorise le pas du « reel », hérité de la musique celtique. Le violon de Théo Brideau est ainsi à l'avenant, sur fond de rythmique sautillante.

Les titres s'enchaînent en proposant d'emblée les thématiques chères au groupe : « L'Ordre du Bon Temps », « La Cabane à Ep'lan », « Dans mon Truck », « Dans le Bon Vieux Temps », « On Est Bien Dans Ma Cabane »... Le public aimant l'esprit de fête peut s'y retrouver facilement. Et en France, on ne s'y trompe pas. Pour faire un parallèle d'ailleurs, on peut mentionner le groupe caennais MES SOULIERS SONT ROUGES, dont le « Reel du Vieil Arbre » se fait très proche.

C'est un instrumental, car entre deux tours de chant à l'accent canadien toujours si coloré, LA VIREE propose une poignée de récréations musicales fort bienvenues. Outre ces reels, on trouve quelques standards empruntant à d'autres influences, comme la funk de « Transamérique » ou Django REINHARDT et le style manouche pour « Beaumont Rag ». Sur ces titres, la basse se veut plus élaborée, et les parties de mandoline sont autant appréciables que celles de violon, elles le supplantent même parfois ! Le son live contribue également à savourer une forme d'authenticité complète.

Parmi les autres chansons à retenir, on peut citer « Ti-Jean », dédiée aux pêcheurs de homards, parfumée de brise d'un océan jamais très loin pour ces habitants de l'extrême sud-est canadien. Quelques textes plus « sérieux » s'intègrent également bien comme celui de « Fortunat », hommage touchant à Fortunat Haché (vétéran acadien de la Seconde Guerre Mondiale) ainsi qu'au courage canadien, et dans un autre style, « Partons la Mer Est Belle », l'une des rares ballades proposées. Un très bon début.