Étant donné que le krautrock est encore vivant (est-il jamais mort ?), l'envie de creuser le genre en abordant les sorties les plus récentes prend forcément l'amateur, et peut déboucher sur de belles découvertes. On peut ainsi considérer le cas Camera (dont les chroniques signés Jovial sur notre site éclaireront les lanternes des curieux), mais aussi d'autres formations censées le pratiquer, mais qui au mieux se rapprochent du genre. Est-ce là que l'on peut classer POINTE DU LAC ? Pas si sûr, étant donné que ce projet musical clame croiser le krautrock avec l'électro progressive, mais semble plus fournir un mélange plutôt maladroit des deux au lieu d'en tirer le meilleur de chacun.

Pointe du Lac, qu'est-ce que c'est ? Né en 2013, ce one-man-band est né de la main de Julien Lheuillier, résident à Créteil (cocorico !). C'est d'ailleurs de là que vient le nom de son groupe, Pointe du Lac désignant à l'origine... une station de métro. Très poétique. Mais POINTE DU LAC (le groupe) ne s'est pas inspiré de ladite station pour sa musique non plus, à en juger par l'écoute de son premier album, sorti en octobre 2014. Il faut en effet reconnaître que Lheuillier sait se débrouiller pour ce qui est de manipuler les différents instruments à sa guise pour livrer une électro progressive non seulement inspirée, mais aussi fort jolie.

Pointe du Lac (l'album) est ainsi gorgé de bonnes compositions, qui méritent un coup d'oeil, à défaut du détour. Les choses commencent d'ailleurs assez bien avec "Echo", une ouverture kraut/électro clairement réussie. Lheuillier a du talent, c'est certain, et ne se prive pas pour le prouver. La suite de Pointe du Lac n'est pas en reste, avec "A Progressive Approach to the Lake" et son piano rêveur, débouchant sur un final électro un peu chargé mais tout de même pertinent, et "The Depths of the Lake" (encore des lacs !), qu intègre un duo guitare-flute des plus apaisants. Enfin, c'est ce qu'on se dit jusqu'à une nouvelle percée de la boite à rythmes et des synthés, qui apporte une saveur relativement agréable.

Le souci, c'est qu'on a vite fait le tour du propriétaire niveau bons morceaux. Le reste n'est pas nécessairement mauvais, mais s'écoute sans plus. Allez, il y a bien "Ça ressemble à de la crème aux oeufs", mais ce qui semble être un hommage à Faust (J'AI MAL AUX DENTS) n'est quand même pas très glorieux. D'autres morceaux montrent une linéarité monotone et mal construite, comme "Purple Line", qui vient d'ailleurs doucher l'engouement provoqué par "Echo".

Pour une autoproduction doublée d'un premier album, POINTE DU LAC ne s'en sort pas trop mal. Julien Lheuillier a bien assimilé ses influences, et les recrache tout en ne partant pas dans la copie/ « hommage ». Cependant, il ne maitrise pas encore cette science du morceau réussi, de celui qui prend aux tripes par surprise et qui ne nous lâche plus. Il n'y a plus qu'à espérer que la suite verra le Français progresser vers le haut.

Le lien pour écouter l'album : http://pointedulac.bandcamp.com/album/pointe-du-lac