On ne change rien, on ne touche à rien, semble être le leitmotiv de Boz Scaggs. Deux ans après la sortie de Memphis, nous le retrouvons avec le même producteur, Steve Jordan, quasiment les mêmes musiciens (Ray Parker Jr guitare, Willie Weeks à la basse), mais Jim Cox a remplacé Spooner Oldham aux claviers. Ah oui, changement de studio, après Memphis, c’est au Blackbird Studio de Nashville que l’album a été mis en boîte en quatre jours avec quelques invités comme Reggie Youg à la guitare, Paul Franklin à la steel et des cordes et cuivres pour enrober le tout.

Sinon notre homme semble se poser en digne successeur de JJ CALE au niveau du laid-back, se rapprochant également de Ray Bonneville, avec néanmoins une touche moins blues et plus soul. L’ensemble très (trop ?) léché fait quand vraiment crooner, le genre de musique jouée dans un grand hôtel l’après-midi à l’heure du thé quand les rombières se racontent les potins en grignotant des petits gâteaux. Certes c’est superbement chanté, produit, interprété et Boz couvre différents styles de musique, mélangeant les influences de l’Oklahoma, du Texas, de la Louisiane, mais tout cela n’est pas roots du tout, aucune aspérité, c’est aussi propre qu’un carrelage lavé avec Mr Propre.

Histoire de corser (?) un peu la sauce, on trouve toutefois deux duos. L’un ("Hell to Pay") avec Bonnie RAITT qui remue quand même un peu vu que la Bonnie a toujours un bon groove, et est plus santiag qu’escarpins. L’autre est une reprise assez réussie de "Whispering Pines" de The BAND avec Lucinda Williams, la chanteuse donnant au morceau une fragilité émotionnelle intense. Sinon le reste de l’album s’écoule tranquillement, dans un transat à l’ombre avec tout de même un risque d’assoupissement sauf peut-être avec "High Blood Pressure", son piano boogie, et la voix de Scaggs qui enfin pousse ses cordes vocales. Mais ce n’est qu’éphémère, dommage, car on sent une envie furieuse d’ne découdre de la part des musiciens.

A Fool to care serait le second album d’une trilogie commencée avec Memphis, un troisième opus toujours produit par Steve Jordan verra donc le jour bientôt.
On peut l’espèrer plus punchy !