Un piège. Un abominable piège dans lequel je suis tombé. Alors que je naviguais dans les eaux sûres des Internets (ahum), voilà que cet album me fait des appels de phare. Intrigué et poli que je suis, je m'avance vers lui (et après tout, ça pourrait être une bonne surprise, non?). Las, je ne me rends compte que trop tard du traquenard, et me retrouve d'un coup plongé dans un seau, une piscine, un océan de sucre et de mièvre.

Le coupable ? La coupable, plutôt : Cristina QUESADA. Cette jeune Espagnole sort en avril 2015 son premier album, faisant suite à un EP publié en 2013. You Are the One présente donc de nouveaux premiers pas de QUESADA, mais en tant qu'interprète seulement. En effet, l'album n'est constitué que de reprises, rien que du connu et/ou déjà existant. Ensuite, peut-on seulement parler d'album quand ce dernier fait 25 minutes à peine ? Oui, non, peut-être, et puis après tout on a bien des LP punk de 10 minutes et des EP Thrash de 50, enfin bref.

You Are the One est une collection de reprises bien particulières. En effet, QUESADA met un point d'honneur à chanter des chansons légères, dépourvues de tout sérieux et terriblement naïves (du moins pour la majorité d'entre elles et a priori). Réfractaires au diabète, passez votre chemin. Les autres pourront se risquer à apprécier une pop joyeuse, enfantine, presque crétine diront certains, et qui en tous cas a banni toute notion négative dans les environs.

You Are the One est un recueil de gâteries qui fondent dans la bouche. À commencer par "Just Like Honey", qui n'est autre qu'un fameux morceau de... THE JESUS AND MARY CHAIN. Oui. Il est difficile de concevoir une version top choupi d'une chanson Noise Pop/Proto-Shoegaze, et non seulement ça existe, mais en plus la reprise de QUESADA est bonne. Plus prévisible est la reprise de "Faut-il que je t'aime", « tube » yéyé de France GALL*, à la fois gâchée et sublimée par l'autotune. Autre moment mémorable, "Hinageshi No Hana", qui est absolument adorable (ou bien franchement pas mal, c'est selon), n'a pas à rougir devant les modèles de l'Empire du Soleil Levant.

L'album pêche par deux défauts, l'un mineur et l'autre majeur. Le premier, c'est une version électronique de "Pineapple Princess", qui perd en charme par rapport à la reprise de QUESADA déjà existante sur l'EP éponyme**. Le second, c'est que l'album est court, comme je l'ai dit au début. Très court, donc, et quiconque aura aimé ce qu'il a entendu ne pourra être que déçu. Remarque, ce n'est pas plus mal pour éviter d'être écœuré, au vu du style joué.

Cristina QUESADA s'approprie des chansons du répertoire variété/pop (sauf THE JESUS AND MARY CHAIN) avec candeur et optimisme, et c'est, pour être franc, plaisant à entendre. Certes, You Are the One ne révolutionnera jamais la musique, mais une telle fraicheur ne peut que faire du bien à une oreille non obtuse.

* : et dire que je m'étais juré de ne plus écouter du France GALL première période...
** : l'impayable clip de la version acoustique : https://www.youtube.com/watch?v=GgZN_4QrhAU