Au sein des archives DGM, on trouve bon nombre d'items tous plus intéressants les uns que les autres, même si elles peuvent ne s'adresser qu'aux fans. Parmi celles-là s'en trouve une, éditée en 2015, et qui ne manquera pas d'intriguer. Il s'agit de Starless Starlight, album enregistré en 2006 par le guitariste Robert Fripp, avec la collaboration du violoniste David Cross.

Starless Starlight, ainsi que l'indique son titre, est un recueil de variations sur le thème principal de Starless, morceau emblématique de l'album Red (1974), dernière œuvre de la première vie de King Crimson. N'en déplaise aux puristes, c'est un festival d'adaptations plus ou moins libres et d'improvisations qui auront cours ici, avec Fripp aux soundscapes (et parfois à la guitare à proprement parler) et Cross au violon et synthés. L'exercice est osé, même si rien ou presque n'est infaisable pour Captain Bob (sauf sortir un nouveau King Crimson, peut-être). Starless Starlight se pare des couleurs les plus tristes, avec une production bien moderne et clinquante, afin de rester dans le ton. On reste fidèle, pas de reprise délirante ou totalement hors-sujet.

Fripp et Cross ne se contentent pas de reprendre bêtement le thème de Starless, mais brodent tout autour, en y faisant vaguement référence, ainsi le prouvent "In the Shadow" ou "Shine and Fall". L'utilisation totale du thème n'est effectuée que sur l'explicite "Starless Theme", les autres le jouant de manière lacunaire ou très lente. Au final, est-ce vraiment une collection de variations ? Techniquement, peut-être, mais pour être franc, il n'est pas dit que ce soit réellement le cas.

Starless Starlight, au-delà de son utilisation d'un thème culte du rock progressif, est surtout un album intéressant, bien que très, voire trop long. La lenteur des morceaux, aussi gracieuse soit-elle, rend le tout difficile à avaler d'un coup, et ce tout dure tout de même une heure de temps. Ajoutez à cela un manque de variations (huehuehue) de rythmes, tous les morceaux étant joués sur le même tempo, et l'ennui viendra poindre de suite.

Certains attentifs pourraient nous faire remarquer qu'on avait été prévenus, mais en réalité, ce défaut note l'envergure trop grande du projet. Si Starless Starlight était bien plus court, à hauteur d'un long EP, l'objet aurait été plus facilement accepté et agréable. Tant pis, sachons au passage apprécier la maestria de Robert Fripp et David Cross, deux musiciens au plus haut dont on aurait aimé plus de collaborations.