La pop française qui chante en anglais et qui s'exporte dans les 90s, c'est PHOENIX ou AIR. Sans parler du phénomène DAFT PUNK. On parlait à l'époque de la "French Touch". Ces 3 groupes ont pour même origine Versailles. Est-ce pour cette raison que TAHITI 80, groupe de Rouen, n'a jamais vraiment réussi à toucher le jackpot chez les Anglo-Saxons ? Ils ont pourtant toutes les caractéristiques d'un groupe estampillé French Touch, et plein de talent. Leur relatif anonymat est un peu injuste quand on pense à la qualité des albums de ce groupe sympathique. On peut tout de même, avant de se pencher sur leur discographie, se consoler en pensant qu'ils ont une jolie petite popularité au Japon, paraît-il.

Sur le plan de la musique, on parle ici d'une pop légère, sucrée, cousine de PHOENIX à bien des égards. Guitares peu agressives et rythmées, claviers synthétiques et colorés, voix aigüe rêveuse... TAHITI 80 diffuse une musique inspirée de nos voisins anglais, revendique sa filiation avec les KINKS ("Mr Davies", naïve et désinvolte) et essaie parfois de ressembler un peu à SUPERGRASS, sans avoir leur ambition rock - même s'ils ont une chouette patate. Les guitares cristallines et très nettes font penser à AIR, inévitablement, un parallèle plus évident encore sur la douce "Swimming Suit" et son petit vocoder.

Le groupe surprend agréablement avec des morceaux bien foutus, accrocheurs, un brin électro, comme "Heartbeat" ou "Yellow Butterfly". "Heartbeat" a même été la chanson étrangère la plus diffusée sur les radios japonaises en 2000 ! Avec "I.S.A.A.C.", elles forment un trio bluffant de simplicité pop, véhiculant une bonne humeur sans exagération, teintée de touches mineures bien amenées. Un titre comme "Easy Way Out" caresse les oreilles dans le sens du poil par ses chœurs californiens nickels et sa production bubble-gum. Le morceau-titre "Puzzle" est carrément bien ficelé, à ce stade de l'album les guitares plus lourdes apportent un poids bienvenu. "Things are Made To Last Forever" est dans la veine "pêchue-décontractée" qui domine ce disque, avec sa trompette nonchalante (déjà présente sur "Swimming Suit") qui peut évoquer THE DIVINE COMEDY.

Cela ne va pas sans une certaine redondance ("Hey Joe" ressemble trop à celles qui précèdent, par exemple) ou un sentiment de remplissage parfois ("When the Sun" aux arrangements de quatuor à cordes ambitieux tombe hélas à plat), d'autant que sur le plan des mélodies nous avons ici une écriture correcte, mais pas inoubliable. Sans doute la différence majeure avec PHOENIX, pour continuer la comparaison.

Toujours est-il que ce premier essai est très convaincant, extrêmement bien produit, frais et pétillant. A découvrir !