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- Membre : Black Grape

HAPPY MONDAYS - Yes, Please! (1992)
Par SEIJITSU le 6 Janvier 2016          Consultée 1604 fois

Certains albums ont été enfantés dans des contextes riches. Tellement qu’ils en finissent par éclipser leur contenu.
Cette ultime œuvre des HAPPY MONDAYS trimballe derrière elle une belle quantité d’anecdotes, au point qu’il est très tentant de ne parler que de ça ! Étant donné qu’elle est réputée pour avoir contribué à ruiner le label Factory, il devient difficile de ne pas s’y attarder un minimum.

Les conditions d’enregistrement atypiques mettent déjà la puce à l’oreille. Les Anglais étant envoyés à la Barbade, en plein milieu des Caraïbes. La raison ? Les éloigner le plus loin possible de l’Angleterre pour qu’ils arrêtent de se fournir en divers stupéfiants ! Malheureusement, Shaun Ryder avait brisé ses doses de méthadone juste avant d’embarquer pour son vol (ce médicament pouvant servir de produit de substitution à l’héroïne qu’il consommait habituellement et en grosse quantité). Un malheur n’arrivant pas seul, les gérants du label n’avaient pas prévu un autre problème : s’il n’existait pas d’héroïne à la Barbade, il y avait néanmoins beaucoup de crack ! Les frères Ryder s’en contenteront au point de transformer leur studio en plateforme de la drogue et ce voyage en un véritable gouffre financier.

Après ces séances d’enregistrement, qu’on devine fortement agitées et peu productives, leur chanteur mettra la main sur les bandes à son retour d’Angleterre pour marchander avec le label et son directeur, Tony Wilson, en échange d’argent. Ce dernier ne prendra aucun risque mais comme il est ruiné, il lui donnera seulement 50 £. Cette tête de lard de Shaun s’en contentera et permettra à Wilson de sauver ce précieux sésame des mains irresponsables des MONDAYS.
Hélas, une mauvaise surprise ne s’accompagnant pas seule, les sessions sont uniquement instrumentales ! Shaun Ryder n’ayant jamais pu écrire de paroles lors de son séjour sous les cocotiers. Bravo pour cette perte de temps et d’argent ! Sa voix ne se posera sur les compositions que plus tard et en peu de temps, parce que la parution de Yes, Please était imminente.
Rien que la pochette annonçait un disque expédié vite fait : après le collage visuel, coloré et iconique de Pills 'n' Thrills and Bellyaches, nous avons droit à un dessin nullissime de la vierge Marie et de son enfant. Ça ne sentait définitivement pas bon cette affaire.

Tout avait été pourtant préparé pour faire de cette sortie un nouveau succès. Paul OAKENFOLD cède sa place en tant que producteur au duo Chris Frantz et Tina Weymouth, ex-membres des TALKING HEADS. Leur présence joue justement un rôle important sur le son des Joyeux Lundis. Désormais plus nonchalant et paresseux, presque reggae car influencé par la musique Caribéenne. L’avantage, c’est que cette manière de faire apporte une nouvelle facette à la musique du groupe. Cela s’accompagne également d’un défaut qui leur aura causé du tort et qu’il est compliqué de contredire : leur aspect rock s’est amoindri. Ce qui a pour conséquence de rendre leur musique plus flasque et répétitive.

Cependant, même si cet album est effectivement décevant et qu’il est triste qu’il soit en partie responsable de la faillite de Factory, il n’est pas aussi mauvais que sa réputation semble le faire croire. De cette musique, chaloupée et excessivement molle, émerge de bons morceaux et même de grands moments. « Stinkin Thinkin » en est le meilleur représentant puisqu’il a tout d’un tube funky irrésistible. « Sunshine and Love » est une curieuse fusion entre house et musique des îles. Quant à « Theme From Netto », c’est un étonnant thème instrumental digne de figurer sur une BO de la blaxploitation.

Si cela n’excuse pas évidemment certains ratés comme « Angel » ou « Cowboy Dave » qui tournent en rond tel un poisson rouge dans son bocal, ça permet toutefois de mettre en perspective qu’un disque bâclé de la part d’une bande capable d’être immense peut contenir de très bonnes choses. Pour preuve, la chanteuse Rowetta, de nouveau de la partie, faisant encore du beau boulot.

Au final, Yes, Please n’est pas important grâce à sa musique, mais pour son symbolisme. Il s’agit de la représentation des conséquences de la drogue sur une œuvre artistique, le pendant négatif de Screamadelica. Si ce dernier est un chef-d’œuvre absolu et fut composé d’une manière similaire, cette dernière œuvre (avant longtemps) du gang de Manchester a tout de l’espoir déçu. Quand la permissivité d’un label abouti à deux résultats différents.

L’histoire des HAPPY MONDAYS s’arrêtera là tant ces excès furent significatifs au point de détruire la fragile entente entre les musiciens. Par contre, celle de Shaun Ryder et de Bez ne fit que commencer.

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2:54
2:54 (2012)
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   SEIJITSU

 
  N/A



- Paul Ryder (basse)
- Shaun Ryder (chant)
- Mark Day (guitares)
- Rowetta (chœurs)
- Gary Whelan (batterie)
- Paul Davis (claviers)
- Bruce Martin (percussion)
- Kermit (chant sur piste 6)


1. Stinkin Thinkin
2. Monkey In The Family
3. Sunshine And Love
4. Dustman
5. Angel
6. Cut 'em Loose Bruce
7. Theme From Netto
8. Love Child
9. Total Ringo
10. Cowboy Dave



             



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