Si elle est une artiste reconnue au Royaume-Uni avec trois albums à son actif, la très jolie Ellie Goulding commence tout juste à se faire un nom dans le reste du monde. La sortie de ce troisième opus est ainsi dopée par le succès de l’une de ses chansons ayant servi à la bande originale de « 50 nuances de Grey ». Comme The Weeknd avec qui elle partage cette BO, elle se permet un virage plus pop et mainstream afin de gagner un public qui ne la connaissait pas encore. Sauf que contrairement à l’artiste canadien, la mayonnaise a du mal à prendre. Il en ressort un album pas désagréable, mais maladroit et souvent indigeste.

Trois ans après « Halycon », son précédent disque plutôt sombre mais particulièrement réussi, on retrouve une artiste plus légère avec des sonorités différentes, assez solaires. Seule l’introduction et « Aftertaste » permettent de faire la transition entre les deux disques. Ce ne sont pourtant pas les titres les plus réussis, un choix curieux pour ouvrir un disque. Rapidement, Ellie nous ouvre son nouvel univers musical, avec la bombe pop « Something in the way you move », un futur hit à n’en pas douter. Indéniablement efficace, et radiophonique à mort. Un poil plus pointu musicalement, « Keep on dancin’ » relance des sonorités plus électroniques, ce qui peut rappeler l'ambiance du deuxième album. Plutôt efficace et très dansant, comme son titre l’indique. Quant à « On my mind », le premier single, c’est aussi un bon titre, même si d’autres morceaux auraient très bien pu faire l’affaire pour promouvoir le disque. Qu’importe, Ellie fait le job avec ce titre pop-electro.

Dans la première partie du disque, on pourrait aussi noter « Around U », qui ne casse pas des briques, mais qui est rudement sympathique, dansant avec son refrain enjoué. Pas un hit potentiel, mais une simple piste d’album bien sympa. « Holding on for life » pourrait par contre avoir son petit succès, le mélange pop et électro marche parfaitement, c’est très formaté mais ça fonctionne. Et il y a bien sûr le fameux tube « Love me like you do », excellent titre pop bien qu’un peu lassant à la longue.

C’est à partir de ce moment que ça se gâte, et la deuxième partie de ce disque va rapidement partir en lambeaux. Si l’on peut sauver - à la rigueur - « Don’t need nobody », ce n’est pas le cas des pistes suivantes. « Don’t panic » est tout simplement inintéressante et « We can’t move to this » est difficile à écouter en entier tellement c’est mauvais. Quand à « Amy », c’est un morceau plutôt sympa, mais assez anecdotique, ce qui semble être le souci principal du disque au fond. Même problème pour « Lost and found », pas désagréable mais vite oublié. Ce (trop) long disque s’achève avec deux morceaux qui auraient clairement pu faire office de simples bonus tracks. Parfaitement inutiles.

Bref, avec « Delirium », Ellie Goulding offre son album le plus faible, manquant de cohérence et de fluidité. Tout n'est pas à jeter, avec des bonnes pistes pop et d'autres morceaux assez agréables, mais c'est quand même faiblard. L'album aurait sans aucun doute gagné à être plus court, et donc plus direct dans l'intention. On peut aussi avoir des regrets sur ce virage trop formaté, car Ellie Goulding est une artiste très intéressante qui mérite bien plus que des simples titres pop oubliables. En espérant un prochain disque plus solide et ambitieux.