Petite chronique hommage à Hubert Mounier, qui nous a quittés récemment, et dont les chansons évoquent des souvenirs sympas si on a été jeune dans les années 80.

En 1982, Hubert Mounier crée à Lyon le groupe l'Affaire Louis Trio, étiqueté "rock rigolo tendance cha cha". Ils n'émergent pas avant 1987. On les voit cependant en 1985 au Printemps de Bourges, et ils remportent même le concours Rock Envol en 1986.

Ils sortent véritablement de l'anonymat avec cet album qui paraît en 1987. La pochette "comics" est très liée à l'univers du chanteur qui est également auteur de BD (mais cette pochette est dûe à un autre lyonnais, Yves Chaland). A partir de ce moment-là, on les voit partout. Ils collectionnent les émissions de télévision, font la première partie d'Alain CHAMFORT au Casino de Paris, d'Alain BASHUNG lors d'une tournée égyptienne, puis montent seuls sur la scène de l'Olympia, ultime symbole du succès. Enfin, ils obtiennent la Victoire de la Musique de la révélation du groupe de l'année 87. Attention, ne nous emballons pas: nous sommes dans la décennie qui a glorifié les pires horreurs, donc malgré un certain talent pour la chanson qui met de bonne humeur et un effort sur certains petits arrangements, nous sommes dans un univers qui peut verser dans le synthé cheap, dans la percussion laide...

Le soin que met Hubert Mounier à chanter façon rockabilly et à communiquer ses pensées est plutôt attachant. Nous sommes à mi-chemin entre Dick RIVERS ou Dany BRILLANT (pour le chant et le côté rétro) et la MANO NEGRA...

C'est vrai que l'écoute de "Secoue la boule", "Timide" ou de "Chiquita" peut faire penser à un séjour dans les geôles de Guantanamo: on est prêt à vendre sa famille pour que ça s'arrête (paroles niaises, mélodie pénible, instruments sans âme).

Mais les fameux "hits" de l'époque s'avèrent bien sympathiques, 30 ans après. Ce "Chic Planète" tout plein de naïveté ("A des millions d'années lumière / Il n'y a rien de plus beau / Nulle part ailleurs dans l'univers / Rien de plus beau que la Terre / Chic planète / Dansons dessus") est entraînant et donne le sourire, ça fonctionne. De même pour "Tout mais pas ça", difficile de ne pas se laisser séduire par ce titre entêtant et son rythme syncopé qui donne envie de se trémousser niaisement.

Si on y ajoute une samba endiablée et alcoolisée comme "Bu" ou une balade potable comme "La Nuit", on y trouve donc deux ou trois raisons de ne pas le considérer avec trop de dédain... mais avouons tout de même que ce genre de production, ce genre de voix, ont beaucoup vieilli. Ils feront un peu mieux par la suite, avec notamment le titre "Mobilis in Mobile".